Abdelaziz Filali : «L’Algérie attachée à la récupération de ses archives»

La France est tenue de restituer tôt ou tard les archives algériennes qu’elle a emportées lors de son départ du pays qu’elle a colonisé, pillé et tenté d’éliminer l’identité du peuple dans toute sa dimension, a déclaré le professeur Abdelaziz Filali, un des cinq membres algériens composant la commission mixte algéro-française, au cours d’une rencontre […] The post Abdelaziz Filali : «L’Algérie attachée à la récupération de ses archives» appeared first on Le Jeune Indépendant.

Jul 7, 2024 - 21:05
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Abdelaziz Filali : «L’Algérie attachée à la récupération de ses archives»

La France est tenue de restituer tôt ou tard les archives algériennes qu’elle a emportées lors de son départ du pays qu’elle a colonisé, pillé et tenté d’éliminer l’identité du peuple dans toute sa dimension, a déclaré le professeur Abdelaziz Filali, un des cinq membres algériens composant la commission mixte algéro-française, au cours d’une rencontre sur la mémoire et les archives tenue samedi, au siège de la fondation Abdelhamid Ben Badis, au lendemain des festivités célébrant l’anniversaire de l’indépendance.

Maître de conférences à l’université de Constantine, Abdelaziz Filali, actuellement président de la fondation Abdelhamid Ben Badis et fin spécialiste du défunt cheikh, penseur et membre fondateur de l’Association des oulémas musulmans algériens, s’est longuement attardé sur les pratiques de l’ancien colonisateur. Il rappellera à l’occasion que la France coloniale a tout tenté dès 1830 pour éliminer l’identité de l’individu et de la nation algérienne. « Elle s’est attaquée au patrimoine matériel et immatériel de la société algérienne dont la langue, la religion et les traditions ». À titre d’exemple, l’orateur citera la transformation des mosquées en églises ou en étables et la destruction des écoles existantes à cette époque.

« Parmi les crimes les plus graves de la France coloniale figure la mainmise sur les manuscrits sur ordre de l’armée française qui, dès qu’elle mettait les pieds dans des lieux de culte, cherchait les trésors qu’ils contenaient, tels que les livres et les manuscrits », poursuivra-t-il. Ces pratiques ont également touché des bibliothèques publiques et celles appartenant à des particuliers, certaines familles de notables constantinois, à l’image de la bibliothèque de Ben Lafgoun.

  1. Filali a également laissé entendre que lors d’une virée à la bibliothèque nationale dans la capitale française, les membres algériens de la commission ont constaté que certains manuscrits et livres algériens d’une valeur inestimable remontaient à une période pré-coloniale et avaient vraisemblablement été pillés dès les premières heures de la colonisation en 1830.

Il précisera, à ce titre, que la partie algérienne est résolument attachée à la récupération de la totalité des archives, d’autant que les conventions internationales en matière d’archives appuient la thèse algérienne. Il citera à titre d’exemple les archives qui n’ont aucun rapport avec la partie française et qui ont été emportées par le colonisateur, telles que des correspondances entre l’État algérien et d’autres États comme la Turquie ou l’Espagne.

Le professeur estime à peine à 12% les documents et archives restitués à ce jour. Une opération qui, a-t-il précisé, a été entamée en 1967 sur insistance du défunt président Houari Boumediène lorsque 47 boîtes ont été remises aux autorités algériennes. Un total de 152 autres ont suivi en 1975 lors de la visite du président Giscard d’Estaing. Une quinzaine ont été récupérées dans les années 1980 et à peine quatre en 2000. Plus de 88 % attendent toujours d’être restituées. L’orateur ne manque pas par ailleurs de rappeler que les deux présidents, algérien, Abdelmadjid Tebboune, et, français, Emmanuel Macron, sont animés d’une réelle dynamique politique pour tenter de résoudre le problème de la mémoire.

A une question sur la montée de l’extrême droite en France qui a de fortes chances de sortir majoritaire des urnes, M. Filali a préféré s’abstenir de commenter le second tour des élections. Pour lui, l’Algérie tentera par tous les moyens de récupérer ses archives quelles que soient les tendances du pouvoir français.

À noter que Abdelaziz Filali est l’un des dix historiens composant la commission mixte algéro-française. Aux côtés des cinq historiens algériens, Mohamed El Korso, Idir Hachi, Mohamed Lahcen Zighidi (coprésident de la commission), et Djamel Yahiaoui. La partie française est représentée par Benjamin Stora (coprésident), Jacques Frémeaux, Jean-Jacques Jordi, Tramor Quemeneur et Florence Hudowicz. La commission a tenu à ce jour trois rencontres dont l’une a été organisée en novembre 2023 à Constantine.

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