Air Algérie, passeport… : comment se déroule le retour en France des émigrés ?

Vols d’Air Algérie pleins, programmation aléatoire chez Algérie Ferries, problèmes administratifs… Le retour des émigrés algériens en France, après quelques jours de vacances en Algérie, peut se transformer en cauchemar.

Aux yeux de la majorité des Algériens de France, l’Algérie reste la meilleure destination pour les vacances. Leur séjour dans le pays pendant l’été leur permet d’allier visites familiales et activités touristiques.

Et comme chaque année, à l’approche du mois de septembre et de la rentrée scolaire, les Algériens de France, notamment venus en Algérie avec leurs enfants, font leurs bagages pour rentrer dans l’Hexagone.

Il s’agit d’un moment marqué par la tristesse de devoir quitter leur pays d’origine, mais aussi par beaucoup de stress, car le voyage retour n’est pas toujours facile. 

Un moment de stress

Début mai dernier, le ministère des Affaires étrangères avait annoncé que les citoyens algériens binationaux pouvaient, jusqu’au 31 octobre prochain, entrer en Algérie sans l’obtention préalable d’un visa, même si leurs passeports algériens sont arrivés à expiration.

Pour ce faire, il faut simplement présenter une pièce d’identité algérienne biométrique, même expirée, ou bien un passeport biométrique algérien même si sa durée de validité est dépassée, et ce, en plus de leur passeport étranger valide.

Cette décision, qui a permis à cette catégorie d’Algériens d’entrer plus facilement sur le territoire national, risque cependant de se retourner contre eux au moment de leur retour s’il arrive que leur passeport étranger arrive à expiration lors de leur séjour en Algérie.

« On excelle dans la complication même quand on veut faciliter », souligne le député de l’immigration Abdelouahab Yagoubi qui explique qu’en rentrant en Algérie avec leur passeport étranger, les binationaux « sont partis de l’évidence que leur carte d’identité nationale européenne allait leur permettre de rentrer en Europe ».

« Mais à la sortie, les autorités algériennes exigent des passeports en cours de validité ! », nous affirme le député des Algériens de France, assurant qu’à cause de cette disposition, cette catégorie de voyageurs risque de se retrouver bloquée en Algérie.

Facilitations de voyage des Algériens binationaux : les compagnies étrangères non informées

Le parlementaire évoque également le cas « flou » des enfants de moins de 15 ans dépourvus de documents de voyage algériens. Il rappelle que les communiqués du ministère et des consulats d’Algérie exigent une preuve de filiation pour que ces enfants alors que désormais, à la sortie, on exige d’eux la présentation d’un passeport en cours de validité.

« Plus grave encore », dénonce le député qui dévoile que « les autorités algériennes ont publié les communiqués sans prévenir les compagnies de transport, hormis Air Algérie et Algérie Ferries ».

 « Il suffisait pourtant de communiquer les nouvelles dispositions aux parties prenantes via des logiciels tels qu’Amadeus ou TravelDoc », a-t-il ajouté.

« On ne vit pas sur une île isolée », s’indigne le député qui dénonce une « incompétence » de l’administration et qui souligne que les compagnies étrangères ne sont pas censées suivre ce qui se passe en Algérie et que ce sont les autorités algériennes qui doivent leur communiquer les changements de lois et de procédures.

Air Algérie : les vols vers la France affichent complet

Au départ d’Alger, d’Oran, de Constantine, d’Annaba ou encore de Bejaia, il n’y a plus de places disponibles sur les avions d’Air Algérie à destination de Paris, de Marseille, de Lyon, de Metz, ou encore de Bordeaux. Le retour en France s’annonce donc difficile pour les voyageurs n’ayant pas réservé à l’avance.

La plateforme de réservation de la compagnie aérienne algérienne indique « qu’il n’y a pas de disponibilité pour les vols sélectionnés », invitant les voyageurs à « changer leurs dates et de réessayer ».

Abdelouahab Yagoubi confirme « qu’il y a beaucoup de soucis d’indisponibilité » de billets d’avion et dévoile que « les vols sont déclarés pleins à partir du 10 août » sur Air Algérie. Tout en « espérant » l’ajout de vols supplémentaires, il assure que « dans l’aérien ça se passe plutôt bien ».

Algérie Ferries : une saison estivale ratée

Chez Algérie Ferries, la situation est différente. La compagnie maritime nationale a sans doute raté sa saison estivale 2024.

Le député Yagoubi déplore notamment « les séries de reports de dernière minute des traversées, les improvisations ainsi que les solutions de contournement ». Selon lui, il pourrait même s’agir de « la plus mauvaise saison estivale que notre communauté à l’étranger ait vécue ».

« C’est la gestion au jour le jour malheureusement », a-t-il souligné, tout assurant que le PDG d’Algérie Ferries ainsi que son équipe essaye de sauver ce qui peut encore l’être, ce qui est toutefois difficile vu que l’actuelle direction a hérité des anciennes décisions à l’instar de celle portant sur l’affrètement du Moby Dada.

En effet, pour assurer les traversées affectées au Moby Dada, toujours immobilisé au port d’Alicante en Espagne, Algérie Ferries a été obligée de dépêcher ses autres navires, notamment le Badji Mokhtar 3, ce qui a causé une série de changements de dates, d’horaires et même de destination pour les voyageurs du réseau France de la compagnie.

Algérie Ferries : les Algériens de France face aux changements de programme

Idem pour le Tassili 2, qui, après avoir laissé poireauter des passagers à destination d’Oran pendant 5 jours au port de Sète, à la fin du mois de juillet dernier, a fini par être immobilisé au port de Marseille en ce début août, avant d’être libéré 48 heures plus tard.

Au départ de l’Algérie, plusieurs traversées ont été reportées, avancées, ou dont la destination a été modifiée à cause des problèmes liés aux navires de la compagnie maritime algérienne.  

Dans son dernier communiqué, Algérie Ferries a d’ailleurs reporté le départ de la traversée Oran-Marseille du 13 mai, avancé celui de la traversée Oran-Alicante du 16 août, et a changé la destination de la traversée Skikda-Gênes vers Marseille.

Ces changements répétitifs, qu’Algérie Ferries ne se donne pas la peine de justifier, font, dans le meilleur des cas, que les Algériens de France passent un ou deux jours de plus ou de moins en Algérie, mais ils peuvent aussi, dans le pire des cas, chambouler tous leurs plans et leur faire rater des obligations qui les attendent dans l’Hexagone.

Comment sauver Algérie Ferries ?

Pour le député Yagoubi, l’État doit se tourner vers « une gestion déléguée du service public du transport maritime. » Il explique que la compagnie algérienne de transport maritime de voyageurs doit « notamment élaborer des obligations de service public (OSP) qui seront à la hauteur des attentes des passagers. »

Pour ce faire, Algérie Ferries, propose encore le député, devrait « conclure, avec des compagnies maritimes étrangères, des conventions de délégation de service public (CDSP) et répartir les crédits entre les différentes lignes du service public ».

Alors que « les tarifs, les conditions d’exécution, la qualité du service et les modalités de contrôles » seront fixées par les CDSP, ces dernières seront quant à elles suivies et contrôlées par Algérie Ferries qui va pouvoir se concentrer sur le renouvellement de sa flotte et la formation de son personnel, conclut le parlementaire.  

The post Air Algérie, passeport… : comment se déroule le retour en France des émigrés ? appeared first on Visas & Voyages Algérie.