Autorité

Si tout le monde s’accorde pour dire que le Rassemblement National sera très probablement vainqueur, à une large marge, des prochaines élections européennes de la semaine prochaine, dans le camp présidentiel l’on continue à essayer d’inverser coûte que coûte cette tendance. Emmanuel Macron semble particulièrement décidé à empêcher une victoire écrasante du RN. Depuis plusieurs semaines, il s’implique pour aider la candidate Rennaissance qui n’arrive pas à s’imposer et à séduire les électeurs éventuels, allant jusqu’à mandater son Premier ministre pour affronter le candidat du parti de droite nationaliste, Jordan Bardella, dans un duel télévisé. Mais pour le moment, Macron continue à tout tenter pour convaincre les électeurs de se tourner vers sa candidate, Valérie Hayer, prenant même la parole trois jours avant le scrutin, la veille de la période de réserve à laquelle seront tenus les politiques et les médias. Une prise de parole qui ulcère les oppositions qui saisissent même l’Arcom (l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) et demande que son temps de parole soit décompté de celui de Valérie Hayer, tête de liste de la majorité présidentielle. «Juste avant la clôture d’une campagne pour les élections européennes, il va avoir le droit au prime time de TF1 et France 2, donc on va saisir l’Arcom pour demander que son temps d’antenne soit décompté du temps de campagne de Valérie Hayer. En démocratie, il n’y a pas de candidature officielle, donc il faut respecter les règles», a indiqué l’Insoumise Manon Aubry, elle-même tête de liste de son parti, hier matin. «Donc jeudi, vendredi, samedi, ce sera ‘’Fidel Macron’’ sur toutes les chaînes pour commémorer et s’exprimer sans contradicteur à 20 heures, bref pour faire campagne à un moment où plus personne ne pourra lui répondre», a également dénoncé le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, sur son compte X. «Personne n’est dupe», a affirmé, de son côté, son homologue communiste Fabien Roussel. La prise de parole du chef de l’Élysée est aussi dénoncée de l’autre côté de l’échiquier politique. Dimanche soir, le président des Républicains, Éric Ciotti, avait annoncé sur son compte X qu’ils allaient saisir l’Arcom. Et hier matin, la tête de liste du parti, François-Xavier Bellamy, a justifié leur choix. «C’est totalement injuste envers les Français. Ils sont piégés dans cette espèce de scénario que le président de la République, depuis le début, voudrait leur imposer en essayant de nationaliser ce scrutin européen», a-t-il regretté. «Moi je dis qu’il manque à sa fonction, à sa mission. Le rôle d’un président est d’être au-dessus des parties et de la mêlée électorale», a affirmé François-Xavier Bellamy. «Une fois de plus, il ne faudrait qu’on ne voit que lui, qu’on entende que lui. Cela a commencé à la Sorbonne», a-t-il poursuivi, faisant référence au discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne le jeudi 25 avril. Après saisine des LR, l’autorité de régulation avait finalement annoncé que sa prise de parole serait décomptée dans son intégralité du temps de parole de la majorité pour les élections européennes. Toutefois, si la démarche des oppositions peut se comprendre dans les faits, la prise de parole de Macron n’aura pas ou très peu d’impact sur le score final du scrutin. Tout comme le débat très réussi de Gabriel Attal face à Jordan Bardella il y a deux semaines n’a eu aucun impact sur les intentions de vote et aurait même tendance à avoir été préjudiciable à Valérie Hayer qui semblait d’autant plus médiocre comparée au Premier ministre censé aider sa campagne.