Célébration de l’Aïd El-Adha à Béjaïa: La tradition maintenue en dépit de la cherté du mouton

La fête de l’Aïd El-Adha a particulièrement été marquée cette année par la cherté du mouton et des produits agricoles frais (légumes et fruits). Par Hocine Cherfa Cette situation a poussé beaucoup de citoyens à faire l’impasse sur le rituel du sacrifice et ont acheté, quelques jours avant, quelques kilos de viande pour créer une […]

Jun 18, 2024 - 22:10
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Célébration de l’Aïd El-Adha à Béjaïa: La tradition maintenue en dépit de la cherté du mouton

La fête de l’Aïd El-Adha a particulièrement été marquée cette année par la cherté du mouton et des produits agricoles frais (légumes et fruits).

Par Hocine Cherfa

Cette situation a poussé beaucoup de citoyens à faire l’impasse sur le rituel du sacrifice et ont acheté, quelques jours avant, quelques kilos de viande pour créer une ambiance de fête pour leurs enfants et maintenir quand même la tradition. Ce qui est particulièrement remarqué cette année, c’est le manque de brouhaha de tuut temps observé, en pareille fête, dans les quartiers et les rues en raison du sacrifice, car peu de gens ont observé ce rituel. C’est dire combien le pouvoir d’achat est érodé au point où les gens ont décidé de renoncer à égorger un mouton comme ce fut le cas par le passé. D’année en année, le nombre de personnes accomplissant la sunna du prophète Abraham El-Khallil est en décrue en raison de la cherté de la vie en général. Cependant, certains n’ont pas dérogé à la règle. Cherté ou pas du mouton, ils ont quand-même accompli le sacrifice. D’autres ont égorgé un bœuf pour l’Aïd. Ils se sont rassemblés en nombre et ont sacrifié ensemble un bœuf pour contourner l’obstacle de la cherté du mouton. Le rituel a été accompli juste après la prière de l’Aïd qui a eu lieu à 6h du matin dans toutes les mosquées de la wilaya. Elle a été suivie aussi d’accolades et échanges de vœux entre fidèles et voisins dans les quartiers. Il faut dire que l’esprit de la tradition a fidèlement été respecté par les Béjaouis. Faute de mouton à égorger, certains ont décidé d’aller au cimetière pour se recueillir sur les tombes de leurs proches, avant de rendre visite aux leurs, consolidant ainsi les liens familiaux. Les échanges mutuels de visites se sont accentués le deuxième jour. La chaleur qui a affecté la wilaya, surtout la vallée de la Soummam, n’a pas découragé les citoyens d’aller voir leurs proches surtout enfin de journée. Une délégation de la wilaya, composée de plusieurs responsables dont le président de l’APW, le chef de cabinet, le wali de Béjaïa, a accompli la prière de l’Aïd à la mosquée El-Kawther où ont été échangés, à la fin, les vœux de l’Aïd avec les fidèles, avant de se diriger au foyer pour personnes âgées où elle a été rejoint par la directrice de l’action sociale afin de présenter leurs vœux aux pensionnaires. La délégation a partagé les moments du sacrifice d’un mouton au profit des personnes hébergées dans ce centre, histoire de leur redonner le sourire. Des cadeaux ont également été offerts aux personnes âgées, très contentes de ce geste. La compassion, la tolérance, la solidarité, le pardon, étaient les maîtres- mots de cette fête religieuse qui reste une occasion pour les gens de transcender les différends, dissiper les rancunes et les désaccords entre les membres d’une même famille et entre voisins et proches. La Direction du commerce et de la promotion des exportations (DCP) affirme sur sa page officielle que «le dispositif mis en place pour la l’approvisionnement des habitants en produits alimentaires a entièrement été respecté». Pour rappel, la DCP a réquisitionné
1 151 commerçants et opérateurs économiques, dont 131 boulangeries, afin d’assurer la permanence durant les trois jours de l’Aïd à travers tout le territoire de la wilaya de Béjaïa. Les 138 agents mobilisés, à l’occasion, ont été déployés sur le terrain afin de contrôler si les commerçants faisant partie du dispositif mis en place ont joué le jeu ou pas. Des agents ont été observés dans plusieurs communes telles qu’à Akbou, Sidi-Aïch, Amizour, Béjaïa, Kherrata, Tamridjt, Adekar, Boukhélifa et Souk et El-Tennine. Aucun chiffre en rapport aux sanctions prononcées n’a été rendu public par la DCP. Si les produits alimentaires sont disponibles, il reste que la hausse des prix était au rendez-vous comme à chaque fête religieuse. Aux prix très élevés des moutons, il faut ajouter la hausse des prix de produits agricoles frais, dont les navets qui ont atteint les 450 et 500 DA, la tomate 130 DA, la pomme de terre 110 et 130 DA, la courgette 200 à 250 DA, la laitue 150 à 200 DA, le concombre 130 DA, les haricots de 350 à 500 DA, le poivron vert de 170 à 190 DA. Les spéculateurs ont, une fois encore, fait abstraction de toute morale. Sans instruments de régulation forts et efficaces dont la désignation d’une marge bénéficiaire pour les marchands et commerçants pour chaque produit, la création d’un instrument de suivi, d’application et contrôle des prix à la source et au prix de gros, il est impossible d’espérer ramener les prix à leur niveau normal et protéger le consommateur de l’érosion du pouvoir d’achat. De son côté, la Direction des transports qui a réquisitionné plusieurs dizaines de véhicules pour le transport urbain, interurbain et inter-wilaya, a également déployé ses agents pour vérifier l’application ou non du plan de transport conçu spécialement pour les jours de l’Aïd. La sûreté de wilaya et la Gendarmerie nationale ont aussi déployé leurs agents en masse dans les coins et recoins de la wilaya, dont les places publiques, les lieux sensibles et sur les routes, afin de garantir la sécurité des biens et des personnes. La collecte des peaux de mouton a été assurée par l’établissement public à caractère industriel et commercial (Epic Bougie-Provert) qui a déployé des moyens matériels et humains à cet effet et procédé au nettoyage des déchets du sacrifice dans les secteurs de la ville basse, la ville haute, la cité S’mina, la cité Djama, Lacifa et Souq El Aser. Le mouvement associatif s’est mis de la partie en collectant de la viande pour la redistribuer aux pauvres. C’est le cas de l’association Errahama qui a égorgé un bœuf et réparti sa viande aux démunis. Le groupe scout Mehaoud-Hanafi d’Akbou a rendu visite aux enfants malades de l’hôpital Akloul-Ali qui ont eu droit à des cadeaux, dont des jouets.

H. C.

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