Complaisance

Sans surprise, comme pour toutes les élections importantes françaises, le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) donne ses consignes de vote. Mais contrairement à l’Élysée, qui a décidé suite aux résultats du premier tour des élections législatives ancipitées de ce dimanche de concentrer ses attaques sur le Rassemblement National, le Crif continue à […]

Jul 2, 2024 - 20:55
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Complaisance

Sans surprise, comme pour toutes les élections importantes françaises, le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) donne ses consignes de vote. Mais contrairement à l’Élysée, qui a décidé suite aux résultats du premier tour des élections législatives ancipitées de ce dimanche de concentrer ses attaques sur le Rassemblement National, le Crif continue à affirmer que le vote pour le Nouveau Front Populaire, mené par La France Insoumise, est aussi dangereux que le vote pour la droite nationaliste. En effet, alors qu’Emmanuel Macron et Gabriel Attal centrent désormais leurs critiques contre le RN, le Conseil représentatif des institutions juives françaises renvoie dos à dos le parti de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon. Entre le «pas une voix» pour le Rassemblement National et le «ni RN, ni LFI», le Crif a fait son choix. «Le front républicain doit battre le RN sans compromission avec LFI», peut-on lire dans un communiqué publié hier par le Crif sur X. L’institution juive appelle ainsi les Français à voter «massivement pour les candidats de partis démocratiques et républicains, et à refuser catégoriquement toute compromission avec La France Insoumise», détaille le communiqué. Alors que la perspective d’une majorité absolue pour le RN est possible mais n’est pas le scénario central, «LFI ne fait pas partie de la solution mais du problème», affirme le Crif, qui dénonce «ses provocations antisémites et sa stratégie du chaos», lesquelles sont, selon lui, le «carburant électoral de la montée du RN». «La présence de Rima Hassan aux côtés de Jean-Luc Mélenchon dimanche soir témoigne une fois de plus de la stratégie communautariste et clientéliste de LFI», souligne le document. Le Crif souligne, néanmoins, que la victoire du RN «constitue une menace pour la République et son projet émancipateur et universaliste», et appelle de ses vœux «une ligne républicaine claire» qui serait la seule en mesure d’empêcher le RN de prendre le pouvoir. «Il est encore temps pour tous les candidats républicains de mener le combat contre le RN, tout en dénonçant LFI et toutes les complaisances antisémites», conclut le communiqué. Emmanuel Macron a affirmé à ses ministres que «pas une voix ne doit aller à l’extrême droite», rappelant que la gauche s’était mobilisée face au RN en 2017 et en 2022, permettant sa propre accession à l’Élysée. Une manière de répondre à ceux qui, dans leur majorité, renvoyaient dos à dos le RN et La France insoumise, accusée d’avoir flirté pendant la campagne européenne avec l’antisémitisme. Au premier rang desquels le ministre des Finances, Bruno Le Maire et l’ex-Premier ministre, Édouard Philippe. Toutefois, la position de Macron, qui a traité LFI et Jean-Luc Mélenchon comme des dangers pour la République ces dernières années, et plus particulièrement ces derniers mois, démontre surtout son manque de cohérence. Ses électeurs plutôt que d’êtres inspirés par sa posture ont de quoi être déstabilisés et les positionnements de Le Maire et de Philippe sont eux bien plus cohérents pour les électeurs centristes. Seuls ceux, parmi les soutiens du président, qui continuent à croire en la diabolisation forcenée pratiquée contre le RN seront tentés de choisir LFI pour combattre la droite nationaliste. Reste à voir si l’appel de Macron sera entendu ou si le centre choisira, comme le Crif et comme certaines figures de la majorité, de continuer à renvoyer dos à dos ces deux partis.

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