Discours de Biden vs discours de Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou est arrivé à Washington hier, la veille donc de son discours devant les deux chambres réunies en Congrès, devant un parterre composé probablement en grande partie de républicains, un grand nombre de démocrates ayant en effet fait savoir qu’ils ne se prêteraient pas à ce qui n’est à leurs yeux qu’une manœuvre de campagne de leurs adversaires. Tant que cette visite, disait-on encore quelques heures auparavant, n’était pas passée, Joe Biden n’annoncerait pas le retrait de sa candidature, car il ne voudrait pas s’affaiblir davantage devant un Netanyahou avec lequel il n’était pas dans les meilleurs termes, lequel déjà cachait mal son souhait d’une victoire de Donald Trump. Mais à la fin c’est tout le contraire qui s’est produit : Biden a annoncé son retrait, adoubé sa vice-présidente, et au lieu que cela conforte Netanyahou dans son intention d’apporter, serait-ce par une voie détournée, son soutien au candidat républicain, cela a au contraire eu pour effet de le forcer à beaucoup plus de prudence. Tant que c’était Biden qui était le candidat démocrate, Netanyahou était de ceux qui pensaient que c’est Trump qui serait vainqueur.

Mais Maintenant que Biden s’est fait remplacer par quelqu’un d’autre, le même Netanyahou n’est plus aussi certain de la victoire de Trump. Or dans le doute la prudence commande de s’abstenir, c’est-à-dire dans son cas, d’édulcorer son propos. On s’attend donc à ce que ce discours soit plus neutre, moins critique en tout cas envers Biden, qui certes a apporté à Israël tout l’aide dont il a besoin pour remporter la victoire, mais s’est refusé néanmoins à lui livrer les bombes les plus lourdes, les plus destructrices et les plus meurtrières, de peur qu’il ne s’en serve pour tuer le plus grand nombre possible de Palestiniens civils, sous couvert de guerre contre le Hamas. Il faut toujours se méfier d’un président dont le mandat se termine et qui ne brigue plus un autre, car il n’a plus rien à perdre. Biden est plus imprévisible, et comme tel dangereux, maintenant qu’il ne se représente plus que lorsqu’il se représentait contre l’avis d’un nombre croissant de démocrates. Ceux-ci se divisaient à son sujet, les voilà maintenant faisant bloc autour de lui, et chantant à l’unisson ses louanges. Il y a désormais plus d’unité autour de lui qu’il n’y en a même autour de sa remplaçante, même si déjà celle-ci dispose de suffisamment de soutien pour être assurée d’obtenir l’investiture. Ses prestations donnaient des sueurs froides à ses partisans. Aujourd’hui la moindre de ses paroles est attendue comme une bénédiction, un peu comme si elle avait le don d’accomplir des miracles. Son discours à la nation, coïncidant peut-être avec celui de Netanyahou devant le Congrès, à supposer qu’il y ait suffisamment de démocrates pour l’entendre, car ceux-ci de toute façon n’en attendent rien de bon, recevra plus d’attention, aux Etats-Unis comme ailleurs dans le monde. Le Biden affaibli sur lequel comptait Netanyahou pour faire campagne l’air de ne pas y toucher en faveur de Trump a tout à coup disparu du tableau, cédant la place à un Biden plus écouté que jamais. Biden n’était pas le candidat naturel de son camp quand il concourait. Il en a acquis la trempe dès l’instant où il a retiré sa candidature.