Doctrine

Si la campagne électorale des élections législatives en France a détourné l’attention du public et des médias de la tragi-comédie qui se joue chez Les Républicains, ces derniers continuent tout de même à s’entre-déchirer. En effet, après l’annonce coup de tonnerre de leur président Éric Ciotti d’une alliance entre LR et le Rassemblement National pour le scrutin législatif, le schisme entre ceux qui approuvent cette mesure et ceux qui la rejettent absolument n’a cessé de se creuser. Et après avoir tenté, sans succès, de virer Ciotti de sa position à la tête du parti, certains n’hésitent pas aujourd’hui à s’allier avec le Nouveau Front de Gauche, coalition menée par La France Insoumise, pour faire perdre la droite nationaliste. C’est notamment le cas du très centriste ancien sarkozyste, Xavier Bertrand. Le président des Républicains a, sans attendre, fustigé le soutien au candidat du NFP, Sébastien Jumel, en Seine-Maritime, tout en le menaçant de le virer des LR. Dès l’annonce du ralliement d’Éric Ciotti au Rassemblement National (RN) à la mi-juin, Xavier Bertrand avait exigé l’exclusion du président des LR. Mais, après trois tentatives auprès de la justice, Les Républicains «canal historique» ont vu toutes leurs procédures de destitution échouer. Cette fois, c’est au tour d’Éric Ciotti de brandir la menace de l’exclusion. «Je vais engager la procédure d’exclusion des Républicains de M. Bertrand», a annoncé le Niçois hier. En cause, la décision du président LR des Hauts-de-France de soutenir au second tour des élections législatives le candidat communiste Sébastien Jumel, en Seine-Maritime. Un soutien rendu public par le député sortant et candidat du Nouveau Front populaire ce mardi sur X, lettre de Xavier Bertrand à l’appui. «Je connais bien Sébastien Jumel. Malgré nos différences de sensibilité, nous travaillons ensemble dans le sens de l’intérêt général sur des sujets de fond : la ligne ferroviaire Abbeville Le Tréport, la relance de la filière nucléaire, la glass valley. J’apprécie son attachement viscéral aux valeurs fondamentales de la République», peut-on lire dans le courrier rédigé par le LR. La décision a été prise pour faire barrage au candidat RN, Patrice Martin, arrivé en tête du premier tour dans la 6e circonscription de Seine-Maritime, avec 44,9 % des suffrages exprimés. «On ne peut pas se compromettre avec La France Insoumise, c’est une honte, c’est une abomination», a dénoncé Éric Ciotti, alors que le communiste Sébastien Jumel se présente sous les couleurs du Nouveau Front Populaire. Décrié au sein de son parti, le Niçois assure pourtant qu’il détient toujours, en ses qualités de «président des Républicains», le «pouvoir disciplinaire» requis pour une telle exclusion. La réponse de Xavier Bertrand, interrogé sur BFMTV au même moment, n’a pas tardé. «Il est au RN Éric Ciotti, je crois que c’est clair pour tout le monde», a-t-il raillé. Avant d’interroger, cinglant : «De quoi il se mêle ? Pourquoi il la ramène encore ? Il est en service commandé pour Marine Le Pen pour essayer de créer le trouble». Pourtant, c’est bien Xavier Bertrand qui avait quitté les LR en 2017 au lendemain de l’élection de Laurent Wauquiez, qu’il considère comme trop «à droite». Il revient en 2021 à LR uniquement pour pouvoir participer à l’élection primaire du parti pour
l’élection présidentielle de 2022. Il indique qu’en cas de défaite il quitterait la scène politique nationale. Il n’arrivera que 4e, Éric Ciotti se plaçant 1er au premier tour. Reste à voir quelle ligne sera victorieuse cette fois-ci dans ce bras de fer qui pourrait bien déterminer la doctrine du parti pour les prochaines années à venir.