Domination

Le consensus général accordait hier la victoire à Gabriel Attal après son débat avec le président du Rassemblement National dans le cadre des élections européennes. Attendu depuis plusieurs semaines, l’affrontement entre les deux hommes n’a pas été aussi simple à aborder pour Jordan Bardella, qui avait face à lui, cette fois-ci, un débateur aguerri. Le […]

Mai 24, 2024 - 21:40
 0
Domination

Le consensus général accordait hier la victoire à Gabriel Attal après son débat avec le président du Rassemblement National dans le cadre des élections européennes. Attendu depuis plusieurs semaines, l’affrontement entre les deux hommes n’a pas été aussi simple à aborder pour Jordan Bardella, qui avait face à lui, cette fois-ci, un débateur aguerri. Le président du RN, moins offensif qu’à son habitude, a été poussé dans ses retranchements par son rival. Dès le début du débat, le Premier ministre, qui a estimé que ces européennes étaient «les plus importantes de notre histoire», a placé son contradicteur en difficulté. Sur la question des accords de libre-échange et des droits de douane, lorsqu’il citait des exemples précis d’entreprises européennes, Jordan Bardella ne répondait pas ou citait d’autres exemples extra européens. «Et voilà ! Quand vous ne voulez pas répondre à une question, vous passez à un autre sujet», a cinglé Attal, qui ne se laissait pas interrompre lorsque la tête de liste du RN essayait de lui couper la parole. Le Premier ministre a également su répondre du tac au tac à un interrogatoire chiffré de son adversaire sur «le taux d’ouverture des marchés publics à des prestataires extra européens». Lorsque l’eurodéputé RN a ensuite attaqué Attal sur les multiples revirements d’Emmanuel Macron sur le nucléaire, auquel il reconnaît le talent de «dire tout et son contraire» sur le sujet, le Chef du gouvernement lui a rappelé que Marine Le Pen voulait pareillement en sortir après la catastrophe de Fukushima, estimant que cette énergie était «dangereuse». S’efforçant d’être pédagogique et clair, une qualité que Bardella, qui le tutoie en privé, lui reconnaît, le Chef du gouvernement a, à plusieurs reprises, posé des questions courtes, directes et précises à son interlocuteur. Lorsque Gabriel Attal lui demande pourquoi son parti, qui voulait sortir de l’UE et de l’Euro, a changé d’avis, Jordan Bardella ne lui répond pas directement. «La question qui se pose, c’est ‘’quand est-ce que vous mentiez ?’’», insiste Attal. «Restez élégant, Monsieur Attal», lui répond Bardella. «Votre programme, Monsieur Bardella, est un Banco : dès qu’on gratte un peu, il n’y a rien derrière», assène un Attal confiant. En dictant son rythme et en choisissant les questions auxquelles Bardella répondait, Gabriel Attal a réussi à mettre le président du RN, redoutable débatteur, sur la défensive. Il a également pris de court le nationaliste en citant Jacques Delors et son idée de «fédération d’États-nations», la formule ressemble à «l’Europe des nations» prônée par Bardella. Même sur l’immigration, thème de prédilection du parti nationaliste s’il en est, le candidat RN a peiné à expliquer sa proposition de mise en place d’une «double frontière». Lorsque le débat portait sur le soutien de la France à l’Ukraine, Bardella, qui n’a jamais véritablement réussi à mettre son interlocuteur en difficulté, a estimé que nous avions été «collectivement naïfs à l’égard de Vladimir Poutine», tout en accusant le chef de l’État français d’avoir «jeté de l’huile sur le feu» en évoquant l’hypothèse de l’envoi de troupes au sol. Attal, qui a tenu à préciser qu’il ne croyait pas que son adversaire était «russophile» ni «fan de Poutine», l’a, sans surprise, attaqué sur les liens du parti lepéniste avec Moscou. Toutefois, si la domination d’Attal jeudi soir ne fait aucun doute, elle ne sera pas suffisante pour changer le score de la candidate Renaissance qui obtient dans tous les récents sondages la moitié des points de son adversaire du RN. Après tout il ne reste que deux semaines avant le scrutin du 9 juin et sauf retournement de situation exceptionnel, le parti nationaliste devrait remporter ces élections haut la main.
F. M.

Quelle est votre réaction ?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow