Évincé

Joe Biden a offert au monde en juin dernier une terrifiante prestation lors de son débat avec Donald Trump dans le cadre de la campagne présidentielle américaine. Une prestation qui a prouvé, à ceux qui en doutaient encore, à quel point ses capacités cognitives étaient atteintes. Un spectacle si désolant que même Donald Trump a refreiné, presque, toute tentative de se moquer de son adversaire, tant ce dernier semblait diminué et incapable de débattre. Et si cela fait des années déjà que la santé mentale du président américain est remise en question, beaucoup dans le camp démocrate refusaient d’admettre que le président en exercice n’est plus capable de mener ses fonctions à bien et encore moins d’accéder à un nouveau mandat de quatre ans à la tête de la première puissance mondiale. Néanmoins, le débat a été le point de bascule pour de très nombreux progressistes qui ont commencé à inonder les réseaux sociaux pour demander à ce que leur candidat soit remplacé. Simples électeurs, élus, responsables du parti et même gros donateurs, des milliers de voix venues de tout le pays réclamaient un changement pour éviter la catastrophe; une victoire de Donald Trump en novembre prochain. Surtout que le candidat républicain caracolait depuis des mois en tête des sondages. Mais c’est la tentative d’assassinat sur la personne de l’ex-président milliardaire qui changera la donne. En effet, horrifiés par les derniers sondages, qui donnaient à Trump une avance irrattrapable, les progressistes ont décidé d’abandonner purement et simplement Joe Biden. Ce dernier, qui a annoncé son retrait quelques jours plus tard, déclare aujourd’hui qu’on lui a tout simplement forcé la main. En effet, Joe Biden a admis dans une interview diffusée dimanche avoir renoncé à un dernier mandat sous pression de son camp, en raison de son âge et face au «danger» d’une victoire de son adversaire. Le président des États-Unis, qui a abandonné le 21 juillet la course à la Maison-Blanche, a expliqué sur la télévision CBS que des parlementaires démocrates avaient exprimé de sérieuses craintes sur leurs chances d’être réélus lors des législatives partielles qui se tiendront le même jour que la présidentielle, le 5 novembre. «Un certain nombre de mes collègues démocrates à la Chambre (des représentants) et au Sénat ont pensé que j’allais leur porter préjudice», a-t-il reconnu en ne mentionnant que Nancy Pelosi. La très influente ancienne cheffe des démocrates à la Chambre a reconnu la semaine dernière qu’elle avait prévenu que la campagne de Biden, 81 ans, ne conduirait «pas sur le chemin vers la victoire». Depuis trois semaines, la presse américaine affirme que Pelosi, qui n’a jamais soutenu Joe Biden pour un dernier mandat, et l’ancien président Barack Obama ont fait pression sur le locataire de la Maison-Blanche pour qu’il se retire. Visiblement en meilleure forme que lors de son débat désastreux du 27 juin dernier, Joe Biden a aussi reconnu à demi-mot que son âge avait pesé dans sa décision de se retirer. «Je peux à peine dire l’âge que j’ai (…) J’ai du mal à le sortir de ma bouche», a admis l’octogénaire. Il a toutefois assuré qu’il n’avait «pas de problème grave» de santé et que le soir de ce débat calamiteux contre Donald Trump il était «vraiment, vraiment, dans un mauvais jour (…) parce que malade». Après son retrait, Biden a immédiatement soutenu sa vice-présidente Kamala Harris. Reste à voir si cette dernière continuera à faire de bons scores dans les sondages et réussira sont débat, prévu pour le 10 septembre prochain, contre Donald Trump. Les démocrates pour le moment semblent satisfaits du changement de candidat et veulent désormais croire à une victoire en novembre prochain. L’équipe de Harris devra de son côté la préparer pour son face à face avec Trump, qui sera très certainement un moment décisif pour les deux candidats.