Fête du bijou d’Ath-Yenni : Des dits et des non-dits

C’est en grande pompe qu’a été donné, jeudi dernier, le coup d’envoi de la fête du bijou d’Ath-Yenni, dans sa 13e édition. C’est en présence des autorités locales et de nombreux amateurs de l’art traditionnel que le secrétaire général de la wilaya, Miloud Fellali, a donné le coup de starter de cette manifestation artisanale et commerciale, […] The post Fête du bijou d’Ath-Yenni : Des dits et des non-dits appeared first on Le Jeune Indépendant.

Jul 20, 2024 - 04:55
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Fête du bijou d’Ath-Yenni : Des dits et des non-dits

C’est en grande pompe qu’a été donné, jeudi dernier, le coup d’envoi de la fête du bijou d’Ath-Yenni, dans sa 13e édition. C’est en présence des autorités locales et de nombreux amateurs de l’art traditionnel que le secrétaire général de la wilaya, Miloud Fellali, a donné le coup de starter de cette manifestation artisanale et commerciale, dont la clôture est prévue pour le 27 de ce mois.

Cette fête annuelle est abritée par deux sites. Le premier est le CEM Larbi-Mezani et le second la maison des Jeunes Ali-Keddache. Et c’est au niveau du premier site qu’a été donné le coup d’envoi de la manifestation, à laquelle ont pris part, selon les organisateurs, 150 artisans issus de 15 wilayas du pays.

A l’ouverture de cette manifestation, le président de l’APC d’Ath-Yenni, Abdellah Djennane, a déclaré que l’artisan bijoutier rencontre une multitude d’obstacles, dont la rareté de la matière première, le corail en l’occurrence. « Aussi, a-t-il dit, nous lançons un appel de détresse aux pouvoirs publics quant à la nécessité de créer un fonds spécial d’aide et de solidarité au profit des artisans ». Le président d’APC n’a cependant révélé qu’une partie de la vérité entourant le monde de l’artisanat en général et du bijoutier notamment. De son côté, le président du Bureau au Forum des racines de la culture algérienne en matière d’artisanat (BFRCAMA) de la wilaya de Boumerdès, Mohamed Cheref, a révélé au Jeune Indépendant certaines réalités entourant le monde du bijou et autres produits artisanaux. Il s’agit, en premier lieu, selon notre interlocuteur, de la matière argentière importée d’Allemagne et revendue en Algérie à un prix exorbitant.

La même quantité payée l’équivalent de 1 800 DA en Allemagne et revendue en Algérie à 18 000 DA. En d’autres termes, la vente de ce produit argentier se fait selon l’exigence du marché noir. Le deuxième point portant atteinte à l’honorabilité et aux intérêts matériel de l’authentique artisan, selon Mohamed Cheref, n’est autre que les faux artisans. « Ce sont de simples commerçants à la mentalité mercantile qui se font passer pour des artisans bijoutiers », a-t-il souligné. L’autre élément néfaste souligné par le président du BFRCAMA est l’utilisation de la matière première contrefaite, c’est-à-dire le faux corail. Ce faux corail est souvent importé de Chine et de Turquie. « Dans ce cas de figure, nous ne pouvons pas concurrencer nos homologues du Bassin sud de la méditerranée, les Tunisiens particulièrement », a indiqué notre interlocuteur.

Mohamed Cheref a indiqué qu’une loi, publiée dans le Journal officiel de mars 2019, stipule que tout artisan peut importer lui-même de la matière première. Toutefois, ce produit doit seulement servir à ses besoins personnels dans le cadre de sa profession. « Et si, a poursuivi Mohamed Cheref, le produit n’est pas utilisé dans sa totalité durant la période déclarée, l’artisan concerné doit signaler la quantité restante à la direction des impôts de sa wilaya ». Le président de la BFRCAMA a avoué que beaucoup d’artisans ignorent jusqu’à l’existence de cette loi, d’où « le devoir des fonctionnaires de la douane et de l’administration fiscale, ainsi que les premiers magistrats de communes de faire des campagnes de sensibilisation au profit des artisans bijoutiers sur ce chapitre précis ».

Il y a encore d’autres segments faisant du tort à l’artisan bijoutier. Il s’agit, entre autres, du prix de location du chapiteau. Dans certaines wilayas, et surtout lors de certaines manifestations, l’exposant paie une somme pouvant atteindre 150 000 DA, selon des témoignages recueillis. Pour cette fête du bijou, la location du chapiteau est d’un prix de 15 000 DA. C’est ce qu’a indiqué un exposant au Jeune Indépendant. Concernant l’acquisition de la matière première, beaucoup d’artisans bijoutiers ont fait le même témoignage. Le corail authentique est acquis au marché noir au prix pouvant atteindre, dans certains cas, 20 000 DA le gramme. En revanche, le corail de mauvaise qualité peut être acquis au prix de 500 DA le gramme.

Mais où va donc le corail authentique en quantité considérable ? La transaction commerciale se fait en haute mer et souvent pendant la nuit. Les vendeurs sont naturellement des Algériens puisque ce produit maritime est extrait dans les fonds marins nationaux. Les acheteurs sont de diverses nationalités.

Des Turques, des Italiens, des Corses et des Français surtout, a-t-on révélé, ajoutant que la monnaie d’échange commerciale est exclusivement l’euro et le dollar US. Il convient de noter que le corail jugé de mauvaise qualité par ces acheteurs étrangers est soit jeté en mer, soit introduit aux ports nationaux pour être proposé aux artisans bijoutiers.

Et il va sans dire que si un artisan bijoutier est pris en flagrant délit d’achat de cette matière, il risque une lourde amende, voire une peine d’emprisonnement. Telle est la réalité du monde de l’artisan bijoutier. Signalons enfin que ce ne sont pas tous les artisans bijoutiers qui se plaignent de leur statut. Beaucoup d’entre eux sont devenus, par leurs activités légales ou illégales, riches comme Crésus. Cette richesse est souvent tue aussi.    

 

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