Fonds

L’Allemagne avait suscité en 2022 la désapprobation des alliés occidentaux de l’Ukraine, à cause de son approvisionnement en gaz russe. Angela Merkel, qui sous la pression des écologistes a fermé toutes les centrales nucléaires allemandes, a ainsi laissé à son pays une dépendance très lourde aux énergies fossiles. La Russie était ainsi devenue un fournisseur […]

Aou 19, 2024 - 21:20
 0
Fonds

L’Allemagne avait suscité en 2022 la désapprobation des alliés occidentaux de l’Ukraine, à cause de son approvisionnement en gaz russe. Angela Merkel, qui sous la pression des écologistes a fermé toutes les centrales nucléaires allemandes, a ainsi laissé à son pays une dépendance très lourde aux énergies fossiles. La Russie était ainsi devenue un fournisseur dont Berlin pouvait difficilement se passer, sans craindre une hausse énorme de ses dépenses en gaz. Toutefois, après quelques mois, le gouvernement allemand avait fini par céder et a renoncé à son accord énergétique avec Moscou. Depuis, le pays européen s’est toujours présenté comme un allié solide de Kiev, même si le chancelier allemand a rejeté à de nombreuses reprises toute idée d’intervention militaire allemande dans le pays en guerre. Mais l’aide financière était toutefois la plus importante après celle des États-Unis. Une aide que Berlin est désormais obligé de freiner. L’Allemagne compte en effet réduire de moitié ses dépenses militaires au profit de Kiev en 2025, misant sur l’argent généré par les avoirs russes gelés pour continuer à soutenir le pays, qui mène depuis plusieurs jours une incursion en territoire russe. Le gouvernement d’Olaf Scholz, en quête d’économies budgétaires, ne prévoit «pas d’aides supplémentaires» aux 4 milliards d’euros inscrits dans son projet de budget de l’an prochain pour aider militairement Kiev, a indiqué, samedi, une source parlementaire. Il n’y aura pas non plus d’enveloppe additionnelle pour Kiev cette année, au-delà des 8 milliards d’euros de financement déjà approuvés. Cette décision a fait l’objet d’un accord entre le chancelier social-démocrate (SPD) et le ministre des Finances du parti libéral, Christian Lindner, selon le journal allemand Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (FAS). Face au tollé, le ministère des Finances s’est certes dit prêt samedi à «examiner la mise à disposition à court terme de moyens supplémentaires» au cas par cas, en fonction des besoins. Reste que cette décision rajoute de l’incertitude sur l’avenir du soutien militaire à Kiev, alors que l’aide militaire américaine est elle aussi en danger, en cas d’élection du républicain Donald Trump à la Maison-Blanche. «La sécurité de l’Europe dépend de la capacité et de la volonté politique de l’Allemagne de continuer à jouer un rôle de premier plan dans le soutien à l’Ukraine», s’est inquiété samedi l’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne, Oleksii Makeiev. Berlin ne prévoit pour 2026 qu’un plafond de trois milliards d’euros, et plus qu’un demi-milliard annuel pour 2027 et 2028, selon le FAS. Pour compenser, l’Allemagne table sur «la création, dans le cadre du G7 et de l’Union européenne, d’un instrument financier utilisant les avoirs russes gelés», a toutefois affirmé une source au sein du ministère des Finances. Les alliés de l’Ukraine travaillent depuis plusieurs mois sur un dispositif qui permettrait d’utiliser une partie des 300 milliards de dollars d’avoirs russes gelés dans le monde pour soutenir Kiev dans sa guerre contre l’armée russe. Pour le moment, aucune mise en œuvre concrète n’a été engagée. Berlin part pourtant «du principe que ces fonds seront utilisables à partir de 2025», a ajouté la source parlementaire. «L’Occident, et donc l’Allemagne en tant que plus grand contributeur européen, ne relâchera pas son soutien à l’Ukraine», a assuré à l’AFP le député libéral allemand Karsten Klein, membre de la commission du Budget. Reste que le ministre des Finances a expressément écrit le 5 août à son homologue de la Défense, Boris Pistorius (SPD), pour lui demander de «garantir» que le plafond des 4 milliards budgétés l’an prochain sera respecté, toujours selon le FAS. Pour leur part, les populations, qu’elles soient allemande, américaine ou européenne, celles qui réellement payent à travers leurs impôts ces aides à l’Ukraine, sont de plus en plus exaspérées de voir leur qualité de vie dépérir du fait de l’inflation galopante, tout en voyant des milliards sortir des caisses de leurs Etats pour financer une guerre à des milliers de kilomètres.

 

Quelle est votre réaction ?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow