Ghardaïa lui a rendu hommage: Cheikh Hadj Omar Cheikh-Salah, une pensée vivante

Né en 1926 à Ghardaïa, dans la Chebka du M’Zab,  Hadj Omar Cheikh-Salah a eu un itinéraire singulier, que ce soit au niveau de son cursus scolaire et de ses recherches sur la science islamique ou de son engagement social au sein de la communauté mozabite. De 1933 à 1939, Cheikh, Hadj Omar a vécu, […] The post Ghardaïa lui a rendu hommage: Cheikh Hadj Omar Cheikh-Salah, une pensée vivante appeared first on Le Jeune Indépendant.

Jul 13, 2024 - 19:05
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Ghardaïa lui a rendu hommage: Cheikh Hadj Omar Cheikh-Salah, une pensée vivante

Né en 1926 à Ghardaïa, dans la Chebka du M’Zab,  Hadj Omar Cheikh-Salah a eu un itinéraire singulier, que ce soit au niveau de son cursus scolaire et de ses recherches sur la science islamique ou de son engagement social au sein de la communauté mozabite.

De 1933 à 1939, Cheikh, Hadj Omar a vécu, depuis sa tendre enfance, à Aïn Beida (wilaya d’Oum El-Bouaghi), avec son père Salah, qui y détenait un petit commerce de détail. Le petit Omar, alors âgé de sept ans, rejoignit simultanément l’école française et la zaouïa Tidjania de Aïn Beida pour apprendre le saint Coran. Tout au long de sa vie, il eut plusieurs cordes à son arc : membre de la ‘’Halkate El-Azzaba’’, enseignant du Coran, prêcheur appliqué de la prière du vendredi, conciliateur, président de sa fraction (At-Hamada) et commerçant. Sa pensée est éclectique, posant de manière claire des problématiques de la vie sociale. Il avait une spécificité bien trempée étant un descendant aguerri de l’Institut El-Hayat de la ville de Guerrara.

A l’occasion du premier anniversaire de son décès, un vibrant hommage a été rendu à ce grand leader spirituel, homme de science et de culture. La commémoration de cette date anniversaire a été mise à profit par ses sept enfants, ses proches, des amis du défunt, dont des “Azzabas” (le Haut conseil des sages mozabites) pour évoquer les multiples bonnes contributions de cet éminent homme, qui a consacré une bonne partie de sa vie à l’enseignement du saint Coran, de la science islamique et des valeurs nobles de la lignée du prophète Mohammed (que le salut soit sur lui).

A son retour chez lui, Cheikh Hadj Omar rejoignit de 1939 à 1943 la première école coranique de Baizi, à Ghardaïa, composée de trois classes, où il continua à s’instruire au saint Coran sous la bonne éducation de ses deux ex-enseignants, les regrettés Cheikh Hadj Salah Babekeur et Cheikh Hadj Banouh Mosbah.

La quête du savoir

Cheikh Hadj Omar se révéla studieux avec des résultats exemplaires aux différentes écoles coraniques qu’il avait fréquentées, ce qui lui a permis de continuer, sans difficultés, son petit chemin d’écolier, en acceptant volontiers la bonne proposition de son père Salah de se rendre à l’Institut El-Hayet de Guerrara, et ce de 1943 à 1948. Il y étudia et récita entièrement le Coran et se perfectionna dans les sciences de la linguistique, du mysticisme et de l’interprétation du Coran et du hadith.

A l’Institut El-Hayet, il fut accepté au sein de la commission de cet institut, dans les activités culturelles et du scoutisme, créé par le regretté Cheikh Brahim Bayoud, « maître avéré de la majorité des ibadites du M’Zab ». Ses compagnons de l’institut se demandaient comment ce personnage religieux avait su à la fois allier valeurs culturelles et sociales. On dit que ce cheikh est un exemple frappant de la vivacité de la culture arabo-musulmane, dont il exprime les valeurs avec beaucoup de liberté et qu’il concilie avec les vraies valeurs religieuses.

Le riche cursus scolaire de Cheikh Hadj Omar, acquis à l’Institut El-Hayat de Guerrara, reflète bien ses compétences solides dans le domaine de l’enseignement des faits religieux (Coran et hadiths). De 1981 à 1985, il fut sollicité pour enseigner au sein de l’école coranique Balahcène, à la grande mosquée El-Atik de Ghardaïa.

Ayant voué sa vie aux autres, Cheikh Omar Cheikh Salah, connu pour son activisme éducatif et culturel, fut désigné, en 1961, membre de l’Association El-Islah de Ghardaïa, créée en 1928. Et à sa grande joie, il fut aussi désigné en 1963 comme membre actif au Haut conseil des Azzabas, puis en qualité de prêcheur (orateur) des prières du vendredi, à la grande mosquée El-Atik de Ghardaïa. En 1963, il fut désigné en qualité de membre actif à la Fondation Ammi Saïd, « haute instance des institutions religieuses du rite ibadite en Algérie ». Homme de confiance et d’exactitude, Cheikh Hadj Omar Cheikh Salah fut choisi en 1994 pour gérer les Finances de l’Association El-Islah, en remplacement du regretté Cheikh Banouh Mosbah.

Grand conciliateur entre des personnes en désaccord, les qualités humaines, intellectuelles et morales de cet érudit, qui a lutté « sans relâche » contre les tentatives de violation des valeurs de la religion musulmane, ont été mises en exergue par les participants à la cérémonie commémorative.

Le défunt, connu par sa croyance aux fondements de la pensée ibadite qui s’articulent autour de trois axes principaux : la doctrine ou dogme religieux, la culture et la théologie (l’ijtihad sur la bonne pratique de la religion), s’est distingué par son érudition, sa piété et son dévouement dans la promotion de la culture arabo-musulmane. C’est une « fierté pour Ghardaïa, pour l’Algérie et pour toute la culture arabe », a estimé Si Hadj Mahfoud Nedjar, un des amis spirituels du cheikh, Hadj Omar Cheikh Salah, qui a tenu à mettre en relief le « volume de sa formation en sciences religieuses », acquise avec assiduité durant son cursus scolaire.

Homme de religion et fervent révolutionnaire

Grand fervent défenseur de l’islam, Cheikh Omar Cheikh Salah fut aussi l’icône de la révolution algérienne. C’était un grand nationaliste qui a milité depuis son enfance pour l’essor des valeurs nobles de la Révolution. Il a œuvré dans un anonymat complet, inculquant le nationalisme ainsi que l’amour de la patrie et de la liberté de son pays. Pour l’histoire, nous raconte son fils Salah, Cheikh Omar Cheikh Salah, en dépit de son jeune âge, fut enlevé du magasin de son père à Aïn Beida par l’occupation française et mis en prison pour quelques jours.

En 1957, alors qu’il enseignait le Coran à Sétif, entre 1957 et 1958, dans l’arrière-boutique du magasin de Ahmani Hadj Slimane, transformée en petite médersa, il fut emprisonné avec ce dernier par l’occupation française, et ce pour avoir observé une grève interdite de huit jours, décrétée par la révolution algérienne pour contester la répression par l’occupation française contre les commerçants mozabites de la ville de Sétif.

Ainsi, en parallèle à ses activités culturelles, Cheikh Omar Cheikh Salah s’orienta en 1959 vers une activité commerciale, détenant un magasin à la rue Ibn-Rostom de Ghardaïa, en association avec son frère Hadj Ahmed.

La famille du Cheikh Hadj Omar Cheikh Salah a donc commémoré cet événement à l’occasion du premier anniversaire de son décès dans une convivialité mémorable, lors d’un repas traditionnel auquel ont pris part plusieurs invités venus témoigner de l’autorité éducative dont jouissait le défunt, en plus de son épaisseur culturelle, qu’il avait perfectionnée avec son érudition et l’exercice d’une pensée très vivante, libre de toute compromission.

En effet, durant cette cérémonie religieuse, les invités venus rendre un dernier hommage au grand Cheikh, n’ont pas omis de mettre en avant « la sagesse, la tolérance et la modestie de l’éminent Cheikh », rappelant les qualités qui l’ont habilité à être « l’un des connaisseurs théologiens de Ghardaïa et de l’Algérie ».

Ils ont aussi loué la capacité du défunt à convaincre son auditoire par l’art oratoire qu’il maîtrisait, en suivant la voie des ulémas algériens au service de l’Islam. Il a été qualifié d’éducateur et de réformateur versé dans les sciences islamiques ayant voué sa vie au service de la communauté du M’Zab et de la nation. Tous étaient unanimes à souligner les qualités de cette figure religieuse. Son apparente intransigeance dissimulait une personnalité très sensible et compatissante, selon les témoins.

Cheikh Hadj Omar Cheikh Salah a été un « citoyen » au sens large du terme. Il a contribué à la gestion de la communauté mozabite en tant que gestionnaire, penseur, chercheur ou encore enseignant. Homme intelligent, humble, calme et très discret, ce leader spirituel est aimé et apprécié de tous, Il restera un modèle de sacrifice et d’amour des autres, sans aucune distinction.

Cet hommage lui a été rendu pour que ceux qui l’ont connu répandent la bonne parole le concernant, pour les générations futures. Cheikh Hadj Omar Cheikh Salah a agi, durant la majorité de sa carrière dans l’enseignement et dans sa vie quotidienne, selon cette sentence prophétique : « Faites le bien en secret, Allah le Tout-puissant bénit tous les gestes d’amour que les autres ne verront pas. »

C’est pourquoi la ville de Ghardaïa qu’il a tant aimée et pour laquelle il a participé dans la formation de sa jeunesse et dans celle des autres pendant des décades serait honorée de voir donner le nom de « Cheikh Omar Cheikh Salah à l’un des établissements scolaires.

La veille de son décès, alors qu’il était au milieu des siens autour d’un verre de thé, il fut subitement secoué par une faiblesse et une impuissance, puis s’évanouit. Quelques heures plus tard, le 3 mars 2023, à 5 h, il rendit l’âme et quitta ce bas monde. Une lumière qui s’est éteinte aux yeux de sa famille, de ses enfants, de ses proches, de tous ses sympathisants et de toute la communauté mozabite auxquels il a tant donné.

Des obsèques de grande envergure lui furent réservées la matinée de cet inoubliable vendredi, au moment où se sont rassemblés de très nombreux fidèles. Il fut inhumé au grand cimetière Baissa El-Alouane de Ghardaïa, auprès des siens et de ses amis morts également pour que vive l’Algérie. Ce jour-là, c’est toute une communauté qui endura la pénible épreuve du décès de l’un des plus grands cheikhs de la communauté mozabite, en la personne de Hadj Omar Cheikh Salah, à l’âge de 97 ans.

 

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