Israël est déjà coupé en deux

Les enquêteurs iraniens dans l’affaire de l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh à Téhéran sont déjà arrivés à d’importantes conclusions, cependant qu’ils poursuivent leur travail, car celui-ci n’est pas terminé. C’est ainsi qu’ils ont déjà démenti l’information livrée par des médias américains, comme quoi l’assassinat a été effectué au moyen d’une bombe placée par avance depuis longtemps, qu’il […]

Aou 4, 2024 - 23:40
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Israël est déjà coupé en deux

Les enquêteurs iraniens dans l’affaire de l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh à Téhéran sont déjà arrivés à d’importantes conclusions, cependant qu’ils poursuivent leur travail, car celui-ci n’est pas terminé. C’est ainsi qu’ils ont déjà démenti l’information livrée par des médias américains, comme quoi l’assassinat a été effectué au moyen d’une bombe placée par avance depuis longtemps, qu’il a suffi d’actionner à distance au moment idoine. Cette version évidemment vise à dédouaner Israël de toute responsabilité directe dans le forfait, mais pas nécessairement de toute implication toutefois. Ce n’est pas une bombe qui a tué Haniyeh mais bien un missile de courte portée tiré depuis une distance pas trop grande de la scène de crime. Le mode opératoire étant défini, reste à déterminer la part précise prise par Israël en l’occurrence. C’est justement à cela que se consacrent maintenant les enquêteurs. De nombreuses arrestations ont été opérées parmi le personnel officiant dans ce lieu hautement sécurisé contrôlé par les Gardiens de la révolution, dont des officiers. Les Iraniens ne doutent pas de l’implication d’Israël, mais ils en sont encore à se demander s’il a été l’exécutant ou s’il n’a été que le commanditaire.

Or il existe une troisième possibilité, qui est qu’en réalité il n’a été ni l’un ni l’autre, même si bien sûr personne au monde ne désirait autant que lui la mort de Haniyeh. Des opposants iraniens ont pu assassiner le dirigeant palestinien, animés en cela par le même dessein que celui d’Israël vis-à-vis des Etats-Unis, consistant à les entraîner dans la guerre contre l’Iran, sauf que dans ce cas c’est lui Israël qu’on cherche à pousser dans la guerre. Les alliés iraniens d’Israël ont tué Haniyeh dans cette optique. Ce n’est là bien sûr qu’une hypothèse. Cela dit, il ne semble pas qu’elle soit soulevée par les Iraniens pour qui Israël est soit l’exécutant soit le commanditaire, et que dans l’un comme dans l’autre cas, la réponse iranienne sera la même. Le bord qui a ordonné la liquidation de Haniyeh a du même coup décidé du sort des captifs israéliens dans Ghaza : il les a condamnés peut-être pas à une mort rapide, mais à ne jamais retourner dans leurs foyers. A en croire un sondage réalisé dans les heures ayant suivi l’assassinat de Haniyeh, et publié par un média israélien, près de 70% des Israéliens approuvent les assassinats ciblés quand bien même ils mettraient en grand danger la vie des captifs. Si ce sondage est digne de foi, si en effet autant d’Israéliens sont sur ce point sur les mêmes positions que le gouvernement dirigé par Netanyahou, alors l’affaire des captifs est entendue, jamais un accord ne sera conclu qui les fera sortir vivants de Ghaza. On savait depuis un certain temps déjà que le gouvernement israélien voulait la victoire complète, c’est-à-dire l’élimination de toute résistance à Ghaza, un objectif qui par lui-même implique une autre élimination, celle des captifs. Israël est aujourd’hui divisé entre ceux pour qui il faut d’abord obtenir par un accord la libération des captifs, avant de s’atteler à l’élimination du Hamas, et ceux pour qui il importe par-dessus tout d’éradiquer le Hamas. Ces derniers pensent que la « victoire complète » a un prix : le sacrifice des captifs. C’est-à-dire le supplice infligé à leurs familles et à la masse des Israéliens qui les appuie. On ne verrait pas une cassure pareille si Israël était une nation.

 

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