Joute

Les partisans des deux candidats à l’élection présidentielle américaine attendaient le seul et unique débat opposant le républicain Donald Trump à la démocrate Kamala Harris avec impatience, chaque camp pariant sur la victoire de son représentant. Les conservateurs, qui ont capitalisé durant des mois sur la victoire sans conteste de Donald Trump suite à son débat face à Joe Biden fin juin, semblaient particulièrement confiants. Le manque d’expérience de Harris dans les débats semblait être un atout jouant en leur faveur. Mais la vice-présidente, si elle est loin d’avoir remporté de manière décisive le duel de mardi, n’a toutefois pas cédé face à l’ex-président américain. Pire que cela, la médiocrité du débat a finalement été utilisée par les médias américains, majoritairement soutenant la progressiste, pour désigner Kamala Harris comme victorieuse après l’âpre joute verbale. De nombreux observateurs estiment, en effet, que la vice-présidente de Joe Biden l’a emporté face à l’ancien locataire de la Maison-Blanche. À plusieurs reprises, notamment sur l’avortement, Kamala Harris est partie à l’attaque contre l’ex-président. Comme l’avance CNN dans un article consacré à cette rencontre sous haute tension, «Trump a souvent perdu le contrôle» et «répété haut et fort qu’une multitude de faussetés étaient vraies», notamment sur une potentielle fraude lors de l’élection de 2020 remportée par Joe Biden. Selon ce même média, les électeurs indécis de Pennsylvanie, État-clé qui s’annonce décisif dans la course à la Maison-Blanche, estiment pour la plupart que Kamala Harris a remporté ce débat. Dans une tribune publiée sur Fox News, l’analyste politique Doug Schoen donne également la démocrate comme lauréate de ce débat. «Il y a eu un vainqueur clair, mais ne croyez pas que cette élection soit terminée», titre-t-il. «Il est assez clair pour moi que mardi soir la vice-présidente Kamala Harris a remporté ce qui pourrait bien être le seul débat entre elle et l’ancien président Donald Trump», explique-t-il. «La vice-présidente a semblé reprendre confiance en elle en voyant Trump vaciller sous les questions incessantes», ajoute ce dernier. De manière générale, la presse généraliste américaine estime que Harris a été plus à l’aise tout au long du débat, et que Trump a été déstabilisé à plusieurs reprises. «Harris ébranle un Trump en colère», titre ainsi NBC News. «L’ancien président Donald Trump a découvert mardi soir qu’il avait désormais un rival beaucoup plus coriace entre les mains», est-il écrit. Pour sa part, le Washington Post s’est également intéressé à l’impact de ce débat sur les électeurs indécis des swings states, États déterminants dans le scrutin de novembre. Si Donald Trump n’a jamais complètement perdu son calme, Kamala Harris a plusieurs fois piqué sa susceptibilité, en assurant que le public quittait les meetings de son rival «par ennui», un sujet éminemment sensible pour l’ex-vedette de télévision, ou en lui rappelant qu’il avait été «viré» par les électeurs, quand Donald Trump a une nouvelle fois refusé de reconnaître qu’il avait perdu en 2020. Les républicains, se sont-ils laissés aller à un excès de confiance en se basant sur leur victoire face à Joe Biden il y a deux mois et demi, ou bien Kamala Harris, attendu au tournant, a-t-elle travaillé d’arrache-pied pour préparer ce duel espérant combler le petit écart qui la sépare désormais de son adversaire dans les sondages ? Mais ce débat, dont la teneur était malgré tout assez médiocre, ne devrait pas changer le cours de la campagne, même s’il offre une petite victoire à laquelle Harris et son équipe pourront se raccrocher dans les semaines à venir.