La CPI en appui de la CIJ

Se trouvant dans l’obligation de faire quelque chose pour arrêter les crimes incessants d’Israël à Ghaza, le procureur auprès de la Cour Pénale Internationale, Karim Khan, a estimé de bonne politique de confondre bourreau et victime, sachant que s’il ne requérait que contre des Israéliens, ses chances de survie à son poste seraient bien moindres […]

Mai 22, 2024 - 01:25
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La CPI  en appui  de la CIJ

Se trouvant dans l’obligation de faire quelque chose pour arrêter les crimes incessants d’Israël à Ghaza, le procureur auprès de la Cour Pénale Internationale, Karim Khan, a estimé de bonne politique de confondre bourreau et victime, sachant que s’il ne requérait que contre des Israéliens, ses chances de survie à son poste seraient bien moindres que s’il le faisait aussi contre des chefs de la résistance palestinienne. Une seule et très étroite voie se présentant à lui en l’occurrence, il s’y est engagé sans être sûr de pouvoir la parcourir de bout en bout, mais certain par contre de n’avoir le long de ce trajet que des coups à prendre. Il était tenu d’autant plus d’entrer dans la bataille judiciaire que celle-ci avait déjà commencé, à l’initiative de la Cour Internationale de Justice et sur plainte de l’Afrique du Sud, et que l’accusation de génocide fusait de partout en direction du seul Israël. Par ailleurs, il y a le précédent concernant le président russe, objet d’un mandat d’arrêt international, sur un chef qui passerait pour une vétille en comparaison de ce dont Israël se rend coupable chaque jour depuis maintenant huit mois. S’il ne voulait pas que son passage à la tête de la CPI soit une page sombre dans l’histoire de celle-ci, il devait sortir du bois, et passer à l’attaque

 

Ce qu’il vient de faire en requérant contre le Premier ministre israélien, ce qui va de soi, contre son ministre de la Défense, ce qui non plus n’est pas pour étonner, mais tout autant contre Yahya Sinouar, Mohamed Deif et Ismaël Hanniyeh, pourtant tous trois de simples résistants à l’occupant. Ces trois-là ont dénoncé, et plutôt vivement, le fait qu’ils subissent le même traitement que des gens déjà poursuivis pour génocide, et par une institution judiciaire au moins d’égale valeur, mais ils n’ont proféré ce faisant aucune menace contre celle qui les menace de poursuites. Il en est autrement côté israélien et côté américain, où la CPI et son procureur sont voués aux gémonies, déjà accusés d’antisémitisme, promis à des lendemains qui déchantent. Le président américain a qualifié d’abjectes les réquisitions de Karim Khan. Déjà des sénateurs américains envisagent de prendre des sanctions contre la CPI, que leur pays pourtant ne reconnaît pas, pas plus d’ailleurs qu’Israël. Ce qui est de nature à les faire rager encore plus, c’est que la tendance générale en Europe est pour dire que la CPI est libre de ses décisions, et que quelles qu’elles soient il faut les respecter. Une façon comme une autre de faire comprendre à Netanyahou que si les juges répondaient favorablement à la demande du procureur, il n’aurait pas intérêt à venir chez eux parce qu’il serait arrêté et livré à qui de droit. Cette perspective est en soi insupportable pour les Israéliens. C’est un stigmate, une souillure, une tache indélébile. Il faut qu’ils s’en lavent, même si au final les mandats d’arrêt ne sont pas émis. Rien de tel chez les Palestiniens, qui protestent certes, mais ne considèrent pas que c’est là une abomination qui leur arrive. Le Hamas tout entier fait figure d’organisation terroriste en Occident, où ses dirigeants ne songent pas même à se rendre. Que trois de ses dirigeants doivent maintenant s’attendre à faire l’objet de mandats d’arrêt internationaux est pour eux en droit fil de ce qu’ils connaissent déjà.
M. H.

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