La fin d’une illusion

On peut dire qu’en gros jusqu’à ce mois de septembre, les Etats-Unis restaient plus ou moins soucieux de leur crédibilité quant à leur propre contribution aux efforts menés conjointement avec le Qatar et l’Egypte visant à jeter les bases d’un accord entre Israël et le Hamas en vue d’un échange de prisonniers, de l’arrêt des […]

Sep 10, 2024 - 20:20
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La fin d’une illusion

On peut dire qu’en gros jusqu’à ce mois de septembre, les Etats-Unis restaient plus ou moins soucieux de leur crédibilité quant à leur propre contribution aux efforts menés conjointement avec le Qatar et l’Egypte visant à jeter les bases d’un accord entre Israël et le Hamas en vue d’un échange de prisonniers, de l’arrêt des hostilités, mais également du retrait complet des forces israéliennes de la bande de Ghaza. Ces derniers jours, comme fatigués de devoir recommencer la même entreprise vaine, ils ne se donnent même plus la peine d’y croire eux-mêmes. On dirait qu’ils ont fini par admettre que le cessez-le-feu, si recherché par eux, en premier lieu d’ailleurs pour des considérations de politique interne, ne surviendra pas avant la tenue de leur propre élection présidentielle, une échéance cruciale pour leur avenir. Il reste d’ici à leur tenue désormais moins de deux mois, ce qui est à la fois peu et beaucoup. Peu, parce qu’ils ce qu’ils n’ont pas obtenir de Benjamin Netanyahou pendant onze mois de guerre et plusieurs rounds de négociations, les chances sont minimes pour qu’ils y parviennent les deux mois à venir. Mais aussi beaucoup, parce que deux mois de tueries au quotidien de Palestiniens, non plus seulement à Ghaza, mais également en Cisjordanie, c’est long.

Avant-hier seulement, les Israéliens ont bombardé avec des bombes faites pour fracturer des montagnes un camp de réfugiés au sud de Ghaza, faisant une quarantaine de morts et des blessés en bien plus grande quantité, sans même parler de ceux dont les corps se sont comme volatilisés. Si Israël était réellement un pays du Moyen-Orient, ce que bien entendu il prétend être, il ne ferait pas cette guerre-là à un peuple au côté duquel il est censé continuer de vivre. Il se garderait de rien faire qui rendrait impossible toute forme de cohabitation. Il ferait la guerre, s’il se sentait menacé dans son existence, mais une guerre qui ne tournerait pas au nettoyage ethnique, ce qu’il est train de faire. Aujourd’hui, si l’on demandait à tous les peuples du monde si à leur avis Israël commet un génocide en Palestine, nul doute
qu’une écrasante majorité sans hésitation répondrait par oui. Mais l’administration Biden, qui ne croit plus qu’un accord soit possible avant le 5 novembre, date de l’élection présidentielle américaine, a quand même besoin d’entretenir l’illusion du contraire. Ainsi le veut la campagne électorale dans une compétition des plus serrées, qui pour cela se décidera à la marge. Comme les négociations sont dans l’impasse, les Israéliens ayant décidé que se retirer complètement de Ghaza est hors de question, il faut bien que ce soit par la faute de quelqu’un d’autre. Contre toute évidence, l’administration américaine l’impute au Hamas, qui aurait posé de nouvelles conditions, une affirmation contestée par les autres intermédiaires, le Qatar et l’Egypte, qui au contraire pointent le doigt sur Israël, et n’entendent plus servir d’alibis à un échec déjà consommé. Un média israélien croit savoir que les Egyptiens ont refusé une proposition américano-israélienne de lancer un nouveau round de négociations au Caire. Cette source n’a rien dit sur l’alternative consistant à se retrouver ailleurs, à Doha par exemple. Et pour cause, la caution que l’Egypte ne veut plus apporter, le Qatar lui aussi la refusera.

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