La France s’en-Grèce

Par Khider Mesloub – A l’instar de la Grèce précipitée dans une effroyable misère, la France entre, à son tour, dans la période de Grèciation (glaciation) des conditions d’existence. L’article La France s’en-Grèce est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Jul 25, 2024 - 10:15
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Par Khider Mesloub – La démolition de tous les acquis sociaux en France vient confirmer que le capitalisme n’assure plus, dans aucun pays, la pérennisation des revalorisations salariales et la préservation des protections sociales arrachées de hautes luttes par les travailleurs.

Et la publication d’un récent rapport relatif à la conjoncture économique catastrophique de l’Hexagone, faisant état du creusement inquiétant du déficit public et de la baisse de la croissance, sur fond de la chute de la productivité et des exportations, enfonce le dernier clou du cercueil France, pays maintenu artificiellement en vie par les sondes de l’endettement. Un endettement devenu abyssal. La France croule, en effet, sous une dette colossale. Une dette qui ne cesse de creuser la tombe de l’économie française. Et surtout le ventre de ses prolétaires impécunieux, condamnés à réduire considérablement leur consommation des produits de première nécessité, faute de moyens pécuniaires et par la faute de l’inflation spéculative.

Depuis l’élection de Macron en 2017, en sept années de gouvernance, la situation socioéconomique de la France ne cesse de se dégrader. La population laborieuse, en état de sidération, comme tétanisée, assiste à la détérioration de ses conditions de travail et de vie, à l’accélération de la précarisation et paupérisation généralisée, au détricotage du code de travail, à l’ajournement de la retraite (repoussée jusqu’à la tombe), à la désindustrialisation et désertification du territoire, la massification du chômage des jeunes, à la chute de ses revenus plombés par l’inflation, au démantèlement des services public, à l’agonie des hôpitaux, à la détérioration de sa santé, matérialisée par la flambée des pathologies psychiatriques, à l’implosion de la cellule familiale, à l’explosion des familles monoparentales, à l’accroissement de la délinquance et de la criminalité, au déchaînement de la violence.

En France, comme dans l’ensemble des pays occidentaux, le rouleau compresseur ou, plutôt, les chenilles des chars d’assaut libérales sont à l’œuvre pour écraser sans vergogne un siècle d’acquis sociaux, rouler sur les corps des travailleurs.

Le Liban et l’Argentine offrent un avant-goût de ce qui attend la France sur le plan du déclassement économique et social. Ou, si l’on préfère, la Grèce, pays européen, plongée, elle, depuis quinze ans dans la récession et paupérisation absolue généralisée.

A l’instar de la Grèce précipitée dans une effroyable misère depuis l’imposition des mesures austéritaires décrétées dans les années 2010, la France entre, brutalement, à son tour dans la période de Grèciation (glaciation) des conditions d’existence.

Avec le gel des salaires, la baisse des aides sociales, le refroidissement des relations humaines, le durcissement du climat social, la congélation du progrès, la réfrigération des cœurs, l’attiédissement de la combativité ouvrière, l’hibernation des institutions parlementaires et gouvernementales, désormais on peut parler du début de l’ère Grèciaire en France.

La période du réchauffement économique est derrière elle. Tous les dirigeants patronaux et politiques veulent sacrifier la population sur l’autel de leurs profits, l’immoler vivante avec leurs incendiaires programmes d’austérité pour lui faire payer leur incandescente crise. Dorénavant, avec l’entrée de la France dans l’ère Grèciaire, l’ensemble du pays sombre dans la récession.

Pour rappel, au cours des années 2010, la Grèce a connu une longue et profonde récession économique due à la crise financière de 2007-2008 et à la crise de la dette souveraine. Une récession qui aura entraîné une contraction de 25 % de son PIB. A l’époque, sous la pression de ses créanciers, la Grèce a dû accepter trois plans d’aide successifs de la Troïka, constituée de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI).

Il est utile de rappeler que les tourments économiques de la Grèce avaient commencé avec le dévoilement des importants maquillages du déficit public, dénoncés par le gouvernement fraîchement élu de Georges Papandréou. Le monde découvrait que les comptes nationaux grecs étaient truqués depuis des années. Grâce à des montages financiers, des milliards d’euros de dette avaient passé sous les radars. Et le déficit public affiché de 6% était en réalité de plus 12%.

N’est-ce pas ce qu’on vient de découvrir en France, avec le dévoilement du déficit public réel. Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a été accusé de dissimulation d’informations sur le dérapage du déficit public en 2023. Un déficit passé curieusement à 5,5% du PIB contre 4,9% initialement anticipés. Soit un déficit de 154 milliards d’euros.

De même, la dette publique s’est révélée supérieure aux attentes, à 110,6 % du PIB, alors que la prévision officielle fournie initialement par Bercy était de 109,7 %. Le gouvernement macroniste a été accusé de mensonge sur la situation budgétaire. Notamment par Jean-François Husson, le rapporteur général Les Républicains de la Commission des finances, qui a dénoncé une «gestion budgétaire calamiteuse» et la «rétention d’information» de la part du gouvernement.

Ironie du sort, la Grèce, à peine commençait-elle à sortir de son hibernation économique qu’elle replonge dans la récession, à l’instar des autres pays européens, notamment la léthargique France, affectée dorénavant d’une hypersomnie économique et institutionnelle. La France est plongée dans un profond sommeil civilisationnel. Un sommeil tombal.

K. M.

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