Les pétards se font rares : Un «Mouloud» moins explosif ?

Cette année à l’approche de la célébration du Mawlid Ennabaoui, l’ambiance est bien calme, pas le bruit d’un pétard. Force est de constater que les rues et marchés ne sont pas inondés par les vendeurs illicites de pétards, feux d’artifice et autres produits pyrotechniques.

La célébration cette année de l’une des plus importantes fêtes religieuses musulmanes, faut-il le noter, semble plus discrète. Est-ce dû à la prise de conscience des citoyens ou à la conjoncture actuelle caractérisée par une dégradation du pouvoir d’achat de la majorité des familles algériennes, qui sont aussi prises par les achats des articles scolaires ? Il faut dire que les différentes opérations de saisie opérées par les services concernés ont eu aussi leur contribution dans la baisse de ventes de ces produits dangereux.

A deux jours du Mouloud, les pétards sont introuvables au niveau des marchés de la capitale. « La vente et l’achat de ces produits ont connu une diminution sensible. D’habitude, les étals de pétards se trouvaient partout. Des explosions sont entendues à tout moment annonçant l’approche de cette fête religieuse. Ce qui n’est pas le cas cette année », a indiqué Brahim, cadre dans une administration publique. Et de poursuivre : « Les gens ont, enfin, compris que c’est du gaspillage d’argent pour des futilités, d’autant plus qu’ils font face à une chute libre du pouvoir d’achat ».

Ce père de famille, qui a décidé de ne pas acheter de pétards, a indiqué qu’il préfère offrir à ses enfants des livres qui parlent de la vie du Prophète, un bon dîner et des friandises pour célébrer cette fête. « Je suis contre, car ils peuvent provoquer des blessures graves, allant de brûlures à l’amputation, en passant par des traumatismes oculaires. Les enfants, en particulier, sont les premières victimes de ces accidents, sans parler des nuisances sonores générées par les détonations qui perturbent la tranquillité publique et peuvent avoir des répercussions négatives sur la santé mentale », a-t-il souligné.

Contacté par le Jeune Indépendant, Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne pour la protection et l’orientation du consommateur et son environnement (Apoce), a d’emblée affirmé que la loi interdit clairement l’importation et la commercialisation de ces produits. Interrogé sur les raisons de cette baisse des produits pyrotechniques, M. Zebdi a fait savoir que c’est difficile de juger si elle est liée au pouvoir d’achat ou à sa coïncidence avec la rentrée scolaire.

Cependant, il a estimé que « c’est plutôt une prise de conscience de la part des Algériens qui ne veulent plus gaspiller leur argent dans les pétards, vu leurs prix qui augmentent chaque année ».  «Les produits pyrotechniques, tels que les pétards, les feux d’artifice et les fusées représentent un danger réel et peuvent provoquer de graves accidents», a-t-il averti, soulignant le rôle important joué par les services de sécurité dans la lutte contre la vente de ces produits prohibés.   

Par ailleurs, il est à noter que l’absence des pétards est également le résultat d’une lutte acharnée que mènent les agents de la Douane. En effet, les services des Douanes ont mené, dans le cadre de la lutte contre la contrebande, plus de 500 opérations à travers le territoire national durant le premier semestre 2024, qui se sont soldées par la saisie d’importantes quantités de divers produits, dont 24 182 unités de produits pyrotechniques, 60 639 kg de produits inflammables et explosifs.

La dangerosité de ces produits pyrotechniques interpelle chaque année le ministère des différents services concernés, comme le ministère de la Santé qui, à chaque veille de célébration du Mawlid Ennabawi, met en garde contre les dangers que présente leur utilisation, invitant les parents à protéger et sensibiliser leurs enfants contre ces pratiques.

Chaque année, il rappelle, à cet effet, que les produits pyrotechniques représentent un « danger réel et peuvent provoquer de graves accidents », soulignant que ces produits sont responsables d’incendies et de pollution sonore causée par la déflagration des pétards, et mettant en garde contre l’impact de leurs bruits forts et répétés sur le bien-être physique, particulièrement les personnes âgées, les malades, les femmes enceintes et les enfants.

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