L’optimisme démesuré de Blinken

Depuis Aspen, dans le Colorado, où il participait à un forum sur la sécurité, Antony Blinken, le secrétaire d’Etat, a tenu ces dernières heures des propos particulièrement optimistes, qui s’ils étaient fondés voudraient dire qu’un accord était en train de prendre forme qui mettrait bientôt fin à la guerre à Ghaza. Bien sûr, ce n’est […]

Jul 20, 2024 - 20:20
 0
L’optimisme démesuré de Blinken

Depuis Aspen, dans le Colorado, où il participait à un forum sur la sécurité, Antony Blinken, le secrétaire d’Etat, a tenu ces dernières heures des propos particulièrement optimistes, qui s’ils étaient fondés voudraient dire qu’un accord était en train de prendre forme qui mettrait bientôt fin à la guerre à Ghaza. Bien sûr, ce n’est pas à une perspective de ce genre qu’on penserait sur la base de ce qui s’observe sur le terrain, mais plutôt à l’abandon de l’idée même qu’un accord est encore possible. Maintenant, il est vrai que ce n’est pas la première fois que le secrétaire d’Etat américain annonce qu’un accord est sur le point d’être trouvé entre les parties belligérantes. Il ne serait même pas exagéré de dire qu’il ne fait que cela depuis maintenant plusieurs mois, de sorte qu’à la fin on ne l’écoute que d’une oreille. En la matière, il vaut bien mieux se repérer sur ce que nous apprennent les concernés eux-mêmes, les représentants de la résistance palestinienne d’une part, les porte-parole israéliens de l’autre. Or ni les uns ni les autres n’ont rien dit récemment qui soit de nature à conforter l’optimisme de Blinken. Au demeurant, le même Blinken qui se montre si confiant dans l’avenir prend néanmoins la précaution de signaler qu’il reste toutefois des points de désaccord à aplanir, mais qu’une fois ces détails réglés, tout sera parfait, plus rien ne s’opposant à l’échange des prisonniers, sachant en effet que dans la bouche d’un responsable américain, c’est la libération des détenus israéliens qui importe d’abord et avant tout.

Avant que ce ne soit le tour de Blinken de s’exprimer, c’était à Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité, de se livrer au même exercice, et ce qu’il lui était arrivé de dire n’était pas tout à fait de la même inspiration, à croire que ces deux hommes n’avaient pas eu le temps de se coordonner, ou bien tout simplement n’étaient pas exactement sur la même longueur d’onde. On ne tirerait en tout cas pas de ses propos qu’un accord était sur le point d’être conclu entre Israël et le Hamas, bien que lui-même n’ait pas fermé la porte devant une telle issue. Il faut avoir en vue que dans trois jours maintenant, le retors Benyamin Netanyahou sera à Washington pour un discours devant le Congrès, cela sur invitation des républicains, et que cela n’est pas sans susciter des craintes aux membres de l’administration Biden, qui se souviennent d’un précédent, celui de 2015, survenu au cours du deuxième mandat de Barack Obama, quand un autre accord était à l’ordre du jour, celui sur le programme nucléaire iranien. Alors Netanyahou s’en était pris vertement à cet accord, faisant fi de toute considération envers le président des Etats-Unis, qui pour sa part voyait déjà en lui sa plus grande réalisation de politique extérieure. L’idée qu’il agisse avec la même désinvolture à l’égard de Biden préoccupe visiblement l’administration Biden, d’autant plus que la campagne marque le pas, et que la candidature Biden ne fait plus l’unanimité dans son camp. S’il faut en plus que le Premier ministre du principal allié des Etats-Unis se montre mécontent du soutien apporté à son pays alors que ce dernier est engagé dans une guerre existentielle, c’est-à-dire dans une guerre qu’il ne parvient toujours pas à gagner, c’est là un coup susceptible de se payer au prix fort le moment venu. Les républicains n’ont d’ailleurs invité Netanyahou à venir parler devant les congressistes que dans cet espoir.

Quelle est votre réaction ?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow