Opérations de replâtrage

Estimant le moment venu pour lui de commencer à restaurer sa réputation de «seule démocratie au Moyen-Orient», d’autant que l’heure de rendre des comptes n’est plus aussi lointaine, Israël a fait obligation à son armée de sacrifier quelques-uns de ses éléments les plus impliqués dans les actes de torture, de viol et de meurtre à […]

Jul 30, 2024 - 20:40
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Opérations  de replâtrage

Estimant le moment venu pour lui de commencer à restaurer sa réputation de «seule démocratie au Moyen-Orient», d’autant que l’heure de rendre des comptes n’est plus aussi lointaine, Israël a fait obligation à son armée de sacrifier quelques-uns de ses éléments les plus impliqués dans les actes de torture, de viol et de meurtre à l’encontre des prisonniers palestiniens pris dans Ghaza par convois entiers. Actes commis dans les geôles secrètes du sud, aménagées de façon à ce que les cris des suppliciés ne soient pas audibles du dehors, mais dont les organisations de défense des droits de l’homme ont quand même pris connaissance, et soin de consigner dans des rapports maintenant versés au dossier d’accusation pour crimes contre l’humanité auprès des juridictions internationales. C’est ainsi qu’une dizaine de soldats sévissant dans une base du sud, transformée depuis le 7 octobre en centre de détention pour Ghazaouis, ont été arrêtés sur ordre d’une autorité judicaire militaire. Ils sont poursuivis pour agression sexuelle sur un prisonnier palestinien. L’opération, destinée tout à la fois à redorer le blason très terni d’Israël et à lui fournir des arguments pour sa défense devant les juridictions internationales, était lancée. C’était compter sans une bonne partie de l’opinion israélienne pour qui ces tortionnaires loin d’être des criminels étaient au contraire des héros prêts à tout pour le salut d’Israël.

Des centaines de cette mouvance, qui dispose de ministres dans le gouvernement, se sont regroupées à l’entrée de la base, avant de la forcer. Leur intention : libérer les soldats arrêtés, acte insurrectionnel par excellence. Le chef d’état-major a accouru sur place, interrompant pour cela une réunion visant à trouver la meilleure réponse à la tuerie de Majdal Shams dans le Golan occupé, occasionnée par une attaque aérienne vite attribuée au Hezbollah, mais ce que ce dernier dément formellement. Alors que le chef d’état-major se hâte vers l’incendie allumé dans le désert du Néguev, dans le but sinon de le faire éteindre complètement du moins de le circonscrire, Benyamin Netanyahou lui s’envole vers le Golan occupé, dans une opération de même nature que celle lancée dans la base du sud. Le projectile attribué par Israël au Hezbollah a fait 12 morts, des enfants et des adolescents, fauchés au cours d’un match de football, tous des Druzes syriens, qui refusent la nationalité israélienne. Netanyahou a été reçu aux cris : Vous n’êtes pas le bienvenu. On ne l’a vu serrer aucune main, ce qu’il était venu faire en priorité. Mais placé au centre d’un cordon de sécurité dissuasif, il a néanmoins tenu pour la caméra le discours le plus propre à lui valoir ensuite la clémence des juges de La Haye. Ces enfants tués par le Hezbollah, a-t-il dit, sont nos enfants ; ils seront vengés, et d’une façon dont leurs assassins se souviendront. Netanyahou a été filmé haranguant une foule absente, mais nulle image n’a été diffusée du chef d’état-major appelant à la raison la foule venue libérer les soldats violeurs arrêtés. C’est que sans doute il était plus dangereux de parler à des Israéliens qui n’avaient pas craint d’occuper une base militaire qu’à une population druze endeuillée, et marquant sa distance.

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