Pour une fiscalité plus équitable : Aouchiche veut taxer les riches

Instauration d’un impôt sur la fortune, décentralisation des pouvoirs locaux et redynamisation de l’économie nationale sont les grandes lignes du programme du candidat du Front des forces socialistes (FFS), Youcef Aouchiche, pour l’élection présidentielle du 7 septembre.

Intervenant, ce mercredi, au forum organisé par le quotidien El Moudjahid, Youcef Aouchiche a présenté ses propositions pour réformer en profondeur le système fiscal qu’il juge « obsolète et inéquitable ». Actuellement, « le système fiscal repose sur des déclarations individuelles, une méthode qui permet à des personnes très riches, possédant par exemple des yachts, de payer les mêmes taxes et autres que des citoyens avec des revenus modestes », a-t-il précisé. Et d’expliquer que « cette situation est injuste et nécessite une révision radicale ».

Le candidat propose l’instauration d’un impôt sur la fortune, une mesure destinée à mieux répartir la charge fiscale selon les capacités contributives de chacun. Il explique que « cet impôt permettra de redistribuer les richesses plus équitablement et de renforcer les mécanismes de contrôle pour assurer un recouvrement fiscal plus général et efficace à l’échelle nationale ». Aouchiche insiste sur le fait que cette réforme est essentielle pour instaurer une justice fiscale réelle, où chaque citoyen contribue en fonction de ses moyens.

Pour mettre fin à l’inflation, Aouchiche propose de « plafonner les prix et de réguler le marché » afin de favoriser une amélioration du niveau de vie des Algériens. Il prône également la mise en place d’un « système économique qui favorise la stabilité et la prospérité ».

 Lutter contre l’informel et l’évasion fiscale

Afin d’incarner ces propositions, il souhaite « établir un nouveau système fiscal capable de générer 3 000 milliards de dinars par an, avec pour objectif de doubler ce montant à 7 500 milliards de dinars au cours des cinq prochaines années, grâce à la mise en place de mécanismes de contrôle rigoureux ». Aouchiche insiste sur l’importance d’un « système transparent pour lutter contre l’informel et l’évasion fiscale » et propose la « numérisation de tous les secteurs afin de formaliser l’économie et de sortir des circuits informels ».

Aouchiche considère que le développement économique ne doit pas se limiter aux secteurs traditionnels, mais doit également inclure des initiatives pour encourager l’innovation et la croissance dans des domaines émergents. Cette politique de diversification est conçue pour construire une économie résiliente et dynamique, capable de faire face aux défis futurs. Il suggère également « l’instauration d’un amendement constitutionnel » pour renforcer ces mesures économiques.

Un autre volet clé du programme d’Aouchiche est la décentralisation des pouvoirs locaux. Actuellement, les communes algériennes sont souvent limitées dans leurs capacités d’action en raison d’un manque de ressources et de prérogatives. Aouchiche propose une réforme visant à renforcer l’autonomie des collectivités territoriales. Il envisage de donner plus de moyens financiers et de prérogatives aux communes, permettant ainsi une gestion plus locale et plus efficace.

Cette décentralisation vise à permettre aux communes de jouer un rôle central dans le développement économique et social local. Selon Aouchiche, en dotant les collectivités locales des outils nécessaires pour initier des projets, investir dans des infrastructures et collecter des impôts, « on peut non seulement améliorer les services publics de proximité mais aussi stimuler l’économie locale ». Cette approche devrait également favoriser une meilleure réponse aux attentes des citoyens sur le terrain, créant ainsi une gouvernance plus réactive et adaptée aux réalités locales.

Sur le plan de la santé, Aouchiche a affirmé que « tous les Algériens ont droit à des soins gratuits ». Il propose la création d’une « Agence nationale pour la surveillance des établissements de santé, publics et privés, afin de garantir la qualité des soins ».  Il s’engage à allouer des enveloppes financières pour la construction de nouveaux établissements de santé, mais en insistant sur l’importance d’un suivi rigoureux des projets.  

Aouchiche a également mis en lumière « les disparités dans la prise en charge sanitaire des citoyens, particulièrement dans les régions du Sud ». Selon lui, « le nombre de centres hospitalo-universitaires (CHU) dans le Sud est extrêmement limité par rapport au Nord ». Il s’engage à « mettre fin à ces disparités » pour garantir une meilleure égalité dans l’accès aux soins pour tous les Algériens.

Dans le domaine de l’éducation, Aouchiche propose une série de réformes destinées à moderniser le système éducatif. Il annonce une augmentation du budget alloué à l’éducation de 50%, une mesure qui devrait permettre de réhabiliter les infrastructures scolaires, moderniser les équipements et améliorer les conditions d’enseignement.

Le candidat du FFS envisage également la création d’un conseil national pour les programmes scolaires afin de réviser les méthodes d’enseignement et favoriser la réflexion critique. Il propose d’alléger les programmes scolaires, concentrant les cours le matin et réservant l’après-midi aux activités culturelles. En outre, il s’engage à réhabiliter les lycées techniques, créer un bac professionnel et généraliser les cantines scolaires pour améliorer les conditions des élèves. La participation des parents d’élèves sera également renforcée avec des fiches de synthèse introduites pour le passage à l’université, visant à faciliter la transition scolaire.

Aouchiche a rappelé les « catégories silencieuses » à s’engager fortement dans l’élection présidentielle pour contribuer au changement. « Je lance un appel aux travailleurs, aux femmes au foyer, aux étudiants et aux différentes couches de la société, particulièrement à la classe intellectuelle, pour qu’ils assument leur responsabilité en participant activement aux prochaines élections », a-t-il déclaré.

Sur le plan international, Aouchiche a exprimé son engagement en faveur des causes justes, telles que la question palestinienne et le droit à l’autodétermination du Sahara Occidental. Il promet de renforcer les relations de l’Algérie avec ses partenaires traditionnels tout en cherchant à établir de nouveaux partenariats, notamment en Afrique. Son programme inclut également une politique extérieure proactive visant à renforcer les accords internationaux tout en défendant les droits des peuples.

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