Présidentielle: Aouchiche et Hassani Cherif déposent leurs recours à la Cour constitutionnelle

Les résultats provisoires de l’élection présidentielle du 7 septembre sont toujours au cœur d’une vive contestation, avec les candidats Youcef Aouchiche et Abdelali Hassani Cherif ayant saisi, ce mardi, la Cour constitutionnelle. Les deux candidats accusent l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) d’avoir publié des chiffres erronés et de compromettre la transparence du scrutin, mettant en doute la fiabilité du processus électoral.

Le Front des forces socialistes (FFS) a révélé avoir récolté plus de 300 000 voix, tandis que l’Anie a annoncé, dimanche, un total de 122 146 voix. De même, le Mouvement pour la société de la paix (MSP) a accusé l’ANIE de « fraude » et de « tricherie ». Selon le parti, environ 500 000 voix auraient été obtenues d’après leur propre décompte des procès-verbaux de dépouillement, alors que les chiffres officiels de l’Anie ne lui accordent que 178 797 voix.

Youcef Aouchiche a déclaré, lors d’un point de presse, que « nous avons déposé un recours auprès de la Cour constitutionnelle concernant les résultats des élections, que nous ne reconnaissons en aucun cas. Ces résultats ne reflètent ni la volonté du peuple ni celle des électeurs ». Et d’ajouter : « Dans notre recours, nous avons souligné diverses irrégularités, notamment le gonflement des taux de participation dans plusieurs bureaux de vote et les contradictions entre les procès-verbaux reçus des commissions de wilayas et les chiffres annoncés par l’Anie. Nous avons également dénoncé d’autres abus, comme la pression exercée sur nos représentants dans plusieurs centres de vote et la privation de certains procès-verbaux remis à nos délégués ».

Aouchiche a exprimé des préoccupations concernant le rôle de l’Anie dans ce scrutin : « l’Autorité soulève des questions sur sa capacité à mener à bien son rôle dans ce scrutin. Nous demandons l’ouverture d’une enquête approfondie pour établir les responsabilités et clarifier les ambiguïtés liées au processus électoral ». Il a aussi affirmé que « au FFS, nous condamnons les agissements de l’Anie et exigeons des démarches juridiques contre les personnes responsables de cette manipulation flagrante du vote, du vol des voix et de la falsification. Chacun doit assumer la responsabilité de ses actes », a-t-il précisé.

Aouchiche a souligné, lundi lors de sa conférence de presse que « le FFS insiste sur le droit de contester ces résultats et de recourir à la justice constitutionnelle pour faire valoir ses arguments. Même si nous ne faisions pas trop d’illusions quant aux conditions de l’organisation d’une élection libre et transparente, annoncer des faux chiffres qui ne correspondent même pas aux procès-verbaux remis par les centres de vote aux représentants des candidats et détourner ainsi les suffrages exprimés ». Il a ajouté que « l’administration locale a fait preuve d’excès de zèle et d’une flagrante partialité alors que la loi interdit formellement aux représentants de l’Etat de se mêler de l’organisation de l’élection ».

« Il faut que toutes les mesures nécessaires soient prises pour éviter que ce genre de pratiques se reproduisent à l’avenir et pour garantir la sincérité des futures élections, ce qui est à même d’augmenter leur crédibilité et convaincre les citoyens de participer davantage à la vie politique », a-t-il conclu.

Durant cette conférence de presse, Djamel Baloul, le directeur de campagne du candidat Youcef Aouchiche, a donné plusieurs exemples relatifs aux « différences » existantes entre les chiffres mentionnés sur les procès-verbaux de dépouillement des wilayas, remis aux représentants des candidats par les délégations de wilaya de l’Anie, et ceux mis en ligne par cette même Anie. Il a cité, par exemple, Alger où Aouchiche est passé de 18 873 voix sur le PV de wilaya à 4 046 voix sur le site de l’Anie. Il y a également le cas d’Oran, avec sur le PV, 11 243 voix pour Aouchiche et sur le site, 3 108 voix.

Des chiffres flous et contradictoires

Le président du Mouvement pour la société de la paix (MSP), Abdelali Hassani Cherif, a également déposé, hier, sa requête, contestant les résultats provisoires publiés par la même Autorité. « Nous avons décidé de déposer un recours auprès de la Cour constitutionnelle contre les résultats annoncés par l’Anie le 8 septembre. Ce recours est motivé par les informations et les preuves juridiques que nous avons, qui démontrent des incohérences dans les données publiées par l’Anie. Les taux de participation affichés à différentes heures (17h, 20h, etc.) ne concordent pas avec les résultats finaux calculés à partir des listes électorales, les résultats du vote, et les dépouillements enregistrés dans les procès-verbaux », a déclaré Hassani Cherif.

« Les procès-verbaux que nous avons reçus des wilayas et des commissions wilayales présentent des contradictions avec ceux fournis par l’Anie. Nous avons soumis un recours incluant un tableau comparatif de ces résultats incohérents. Nous avons confiance en la Cour et attendons la correction des erreurs qui ont terni l’image du pays », a-t-il ajouté.

Lors de sa conférence de presse animée lundi, Hassani Cherif a dénoncé « une présentation de chiffres flous et contradictoires avec les procès-verbaux de dépouillement obtenus par le MSP auprès des délégations de wilaya de l’Anie ». Il a réaffirmé son engagement à défendre chaque voix obtenue lors de cette élection présidentielle, refusant de renoncer à quoi que ce soit.

Les deux candidats contestent la transparence et l’exactitude des chiffres fournis par l’Anie, ce qui pourrait prolonger l’incertitude autour de l’issue définitive du scrutin. La décision de la Cour constitutionnelle sera décisive pour apaiser les tensions et garantir la crédibilité du processus électoral.

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