Projets d'énergie renouvelable au Sahara occidental: WSRW dénonce la stratégie marocaine du fait accompli

LONDRES - L'Observatoire international Western Sahara Resource Watch (WSRW) a dénoncé mercredi la stratégie du fait accompli que le Maroc veut imposer au Sahara occidental occupé à travers la réalisation de "gigantesques" projets de production d'énergie renouvelable dans ce territoire. "L'alimentation du Maroc par l'énergie produite au Sahara occidental occupé constitue un développement très préoccupant", a affirmé Sara Eyckmans, membre de cet observatoire, chargée du suivi de l'exploitation des ressources naturelles au Sahara occidental occupé. Dans une déclaration publiée sur le site de cette ONG, Mme Eyckmans relève que "le Maroc devient de plus en plus dépendant de son occupation illégale du Sahara Occidental pour garantir ses propres besoins énergétiques". "Cela représente un défi supplémentaire et majeur pour le processus de paix de l'ONU", a-t-elle averti, soulignant que "le Maroc montre déjà peu ou pas d'intérêt à résoudre le conflit conformément au droit international". Mais, pour WSRW, le plus inquiétant est l'offre du gouvernement français d'aider le Maroc à renforcer son occupation du Sahara occidental. Mme Eyckmans a qualifié, en effet, de "stupéfiante" l'offre du gouvernement français de participer à des projets marocains au Sahara occidental occupé, d'autant plus que "la plus haute juridiction de l'Union européenne évalue actuellement la légalité de l'application des accords UE-Maroc au Sahara occidental". "Il est choquant que le gouvernement français n'attende pas la décision du tribunal pour faire une déclaration aussi provocatrice", a-t-elle ajouté. Fin avril, le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avait annoncé lors d'un forum d'affaires franco-marocain à Rabat que la France était prête à participer au financement d'un câble électrique de 3 gigawatts reliant la ville marocaine de Casablanca à la ville de Dakhla au Sahara occidental occupé. L'Observatoire international rappelle, à ce titre, que l'Office marocain de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) compte construire une "route électrique" de 1.400 km de long pour acheminer l'électricité produite au Sahara occidental occupé au centre du Maroc. "Concrètement, l'ONEE envisage de mettre en place des lignes électriques capables de transporter jusqu'à 3 GW d'électricité, générée à partir de sources renouvelables situées entre Dakhla et Lâayoune au Sahara occidental occupé, jusqu'à Casablanca, au Maroc", a-t-il expliqué. Selon WSRW, la moitié de cette capacité, soit 1.500 MW, devrait être finalisée en 2026, tandis que la seconde moitié devrait être opérationnelle en 2028. "Un processus d'appel d'offres pour la réalisation du projet est en cours. Le candidat sélectionné pour un contrat de 30 ans devrait être annoncé avant l'été", a ajouté l'Observatoire.   Imposer le fait accompli   Ce projet électrique ouvre un nouveau chapitre dans la stratégie du Maroc visant à capitaliser financièrement et politiquement sur le potentiel d'énergie renouvelable du Sahara Occidental occupé, plus important que celui du Maroc lui-même. Selon l'Observatoire WSRW, une étude réalisée par des universités marocaines et publiée en 2023 a montré que le plus grand potentiel de production d'hydrogène vert du pays se trouvait à Lâayoune et à Dakhla, situées au Sahara Occidental occupé. "Le Maroc est souvent salué comme un pionnier en matière de transition vers davantage de sources d’énergie renouvelables. Ce qui est souvent négligé, c'est qu'une part importante des projets éoliens et solaires du Maroc ne sont pas du tout développés au Maroc, mais au Sahara Occidental occupé", relève cet observatoire. Le rapport "Ecoblanchiment de l'Occupation (2021)" de WSRW estime que l'énergie produite à partir du vent sur le territoire pourrait constituer 47,20% de la capacité éolienne totale revendiquée par le Maroc d'ici 2030, tandis que sa part de l'énergie solaire produite pourrait alors atteindre 32,64% de la capacité solaire totale annoncée par le Maroc. En envisageant de grands projets d'énergies renouvelables, le Maroc vise à imposer le fait accompli au Sahara occidental et de rendre la colonisation du territoire sahraoui "rentable". D'ailleurs, de "gigantesques" projets de production d'énergie renouvelable sont inscrits dans son budget pour l'année 2024. Des projets éoliens et solaires seront implantés majoritairement (à 81%) au Sahara occidental occupé, violant ainsi le droit international, dans la mesure où ce territoire figure sur la liste de l'ONU des territoires non autonomes. Le gouvernement marocain prévoit, en effet, la construction de deux parcs dans les territoires occupés où deux sites sont en développement: un de 100 MW près de Boujdour et un autre de 300 MW à Tiskrad, près de Lâayoune. Il ambitionne également d'exporter vers l'Europe l'énergie produite sur ce territoire, pourtant distinct du Maroc par la force du droit. En 2016, le Maroc a même signé avec le Portugal, l'Espagne, la France et l'Allemagne une déclaration commune po

Mai 9, 2024 - 09:30
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Projets d'énergie renouvelable au Sahara occidental: WSRW dénonce la stratégie marocaine du fait accompli

LONDRES - L'Observatoire international Western Sahara Resource Watch (WSRW) a dénoncé mercredi la stratégie du fait accompli que le Maroc veut imposer au Sahara occidental occupé à travers la réalisation de "gigantesques" projets de production d'énergie renouvelable dans ce territoire.

"L'alimentation du Maroc par l'énergie produite au Sahara occidental occupé constitue un développement très préoccupant", a affirmé Sara Eyckmans, membre de cet observatoire, chargée du suivi de l'exploitation des ressources naturelles au Sahara occidental occupé.

Dans une déclaration publiée sur le site de cette ONG, Mme Eyckmans relève que "le Maroc devient de plus en plus dépendant de son occupation illégale du Sahara Occidental pour garantir ses propres besoins énergétiques".

"Cela représente un défi supplémentaire et majeur pour le processus de paix de l'ONU", a-t-elle averti, soulignant que "le Maroc montre déjà peu ou pas d'intérêt à résoudre le conflit conformément au droit international".

Mais, pour WSRW, le plus inquiétant est l'offre du gouvernement français d'aider le Maroc à renforcer son occupation du Sahara occidental.

Mme Eyckmans a qualifié, en effet, de "stupéfiante" l'offre du gouvernement français de participer à des projets marocains au Sahara occidental occupé, d'autant plus que "la plus haute juridiction de l'Union européenne évalue actuellement la légalité de l'application des accords UE-Maroc au Sahara occidental".

"Il est choquant que le gouvernement français n'attende pas la décision du tribunal pour faire une déclaration aussi provocatrice", a-t-elle ajouté.

Fin avril, le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avait annoncé lors d'un forum d'affaires franco-marocain à Rabat que la France était prête à participer au financement d'un câble électrique de 3 gigawatts reliant la ville marocaine de Casablanca à la ville de Dakhla au Sahara occidental occupé.

L'Observatoire international rappelle, à ce titre, que l'Office marocain de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) compte construire une "route électrique" de 1.400 km de long pour acheminer l'électricité produite au Sahara occidental occupé au centre du Maroc.

"Concrètement, l'ONEE envisage de mettre en place des lignes électriques capables de transporter jusqu'à 3 GW d'électricité, générée à partir de sources renouvelables situées entre Dakhla et Lâayoune au Sahara occidental occupé, jusqu'à Casablanca, au Maroc", a-t-il expliqué.

Selon WSRW, la moitié de cette capacité, soit 1.500 MW, devrait être finalisée en 2026, tandis que la seconde moitié devrait être opérationnelle en 2028.

"Un processus d'appel d'offres pour la réalisation du projet est en cours.

Le candidat sélectionné pour un contrat de 30 ans devrait être annoncé avant l'été", a ajouté l'Observatoire.

 

Imposer le fait accompli

 

Ce projet électrique ouvre un nouveau chapitre dans la stratégie du Maroc visant à capitaliser financièrement et politiquement sur le potentiel d'énergie renouvelable du Sahara Occidental occupé, plus important que celui du Maroc lui-même.

Selon l'Observatoire WSRW, une étude réalisée par des universités marocaines et publiée en 2023 a montré que le plus grand potentiel de production d'hydrogène vert du pays se trouvait à Lâayoune et à Dakhla, situées au Sahara Occidental occupé.

"Le Maroc est souvent salué comme un pionnier en matière de transition vers davantage de sources d’énergie renouvelables. Ce qui est souvent négligé, c'est qu'une part importante des projets éoliens et solaires du Maroc ne sont pas du tout développés au Maroc, mais au Sahara Occidental occupé", relève cet observatoire.

Le rapport "Ecoblanchiment de l'Occupation (2021)" de WSRW estime que l'énergie produite à partir du vent sur le territoire pourrait constituer 47,20% de la capacité éolienne totale revendiquée par le Maroc d'ici 2030, tandis que sa part de l'énergie solaire produite pourrait alors atteindre 32,64% de la capacité solaire totale annoncée par le Maroc.

En envisageant de grands projets d'énergies renouvelables, le Maroc vise à imposer le fait accompli au Sahara occidental et de rendre la colonisation du territoire sahraoui "rentable". D'ailleurs, de "gigantesques" projets de production d'énergie renouvelable sont inscrits dans son budget pour l'année 2024.

Des projets éoliens et solaires seront implantés majoritairement (à 81%) au Sahara occidental occupé, violant ainsi le droit international, dans la mesure où ce territoire figure sur la liste de l'ONU des territoires non autonomes.

Le gouvernement marocain prévoit, en effet, la construction de deux parcs dans les territoires occupés où deux sites sont en développement: un de 100 MW près de Boujdour et un autre de 300 MW à Tiskrad, près de Lâayoune.

Il ambitionne également d'exporter vers l'Europe l'énergie produite sur ce territoire, pourtant distinct du Maroc par la force du droit.

En 2016, le Maroc a même signé avec le Portugal, l'Espagne, la France et l'Allemagne une déclaration commune pour une future coopération dans le domaine des énergies renouvelables.

 

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