Radicalité

Au lendemain de l’annonce des élections législatives anticipées en juin dernier, la gauche, qui n’a cessé de s’entre-déchirer ces dernières années, a mis en place une nouvelle coalition pour affronter ensemble le scrutin à venir. Les socialistes ont néanmoins cette fois-ci tenter tant bien que mal de prendre la tête du Nouveau Front Populaire. En […]

Aou 20, 2024 - 22:25
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Radicalité

Au lendemain de l’annonce des élections législatives anticipées en juin dernier, la gauche, qui n’a cessé de s’entre-déchirer ces dernières années, a mis en place une nouvelle coalition pour affronter ensemble le scrutin à venir. Les socialistes ont néanmoins cette fois-ci tenter tant bien que mal de prendre la tête du Nouveau Front Populaire. En effet, leur candidat, Raphaël Glucksmann, étant arrivé troisième lors des élections européennes, devançant ses «camarades» Insoumis de près de quatre points. Mais pour La France Insoumise pas question de lâcher du pouvoir et encore moins de laisser à d’autres décider du programme de la coalition de gauche. Or, la stratégie «rentre-dedans» du NFP, arrivé en tête le 1er juillet dernier au second tour des législatives, ne fonctionne pas et cela fait déjà près d’un mois que le président français trouve prétexte à refuser toutes les candidatures présentées jusqu’aujourd’hui par la gauche, refusant que le pays soit gouverné par un mouvement aussi radical au programme d’extrême-gauche, qui ne fait aucune compromission. Une stratégie qui inquiète également dans les rangs du Nouveau Front Populaire. La gauche ne pourra gouverner que si elle accepte de «négocier des compromis» et renonce à la «radicalité», ce qui suppose de «tourner la page Macron et Mélenchon», affirme ainsi le député européen et leader de Place publique dans un entretien au Point. À gauche, «on est terrorisés à l’idée d’être considérés comme impurs si on négocie des compromis. Mais pourquoi faire de la politique si c’est pour se condamner à l’impuissance et aux postures ?», demande-t-il. «Si on veut l’augmentation du smic et des salaires, un ISF climatique, le renforcement des services publics en zone rurale ou une grande politique de réindustrialisation, cela passe par des discussions poussées avec d’autres forces politiques», argumente Glucksmann. «Quand je suis devenu député européen, j’avais cette tendance française à confondre compromis et compromission, mais j’ai appris et compris. Il faut rompre avec l’esthétique de la radicalité, qui n’est en fait que du sectarisme et empêche justement toute transformation radicale, en finir avec le mythe de la toute-puissance et délaisser Jupiter comme Robespierre. Et donc tourner la page Macron et Mélenchon», ajoute l’eurodéputé. Pour Raphaël Glucksmann, qui dit n’avoir «jamais cru à l’aplanissement magique des divergences extrêmement profondes avec LFI», le Nouveau Front Populaire ne peut être qu’une «unité d’action électorale contre l’extrême droite». «En 2027, ce sera la social-démocratie, et non un succédané du macronisme ou un avatar du populisme de gauche, qui fera face au lepénisme», assure-t-il. La candidate du Nouveau Front populaire (NFP) à Matignon, Lucie Castets, a elle-même évoqué ces derniers jours la nécessité pour l’alliance de gauche de chercher des «accords», faute de majorité absolue à l’Assemblée pour appliquer son programme. Elle doit être reçue vendredi par le président Macron, qui a convié à l’Élysée les différents chefs de partis et de groupes parlementaires pour des consultations, en vue d’enfin nommer un gouvernement. Toutefois, l’on imagine mal les cadres de LFI opter pour le consensus. Maintenir des positions radicales et intraitables est devenu la marque de fabrique du parti, et il est impensable, du moins pour le moment, d’imaginer un avenir pour les Insoumis sans leur chef de file, Jean-Luc Mélenchon. Car si de nombreuses voix pointent du doigt son jusqu’au-boutisme et sa manière tyrannique de diriger LFI, la majorité des électeurs semble continuer à l’apprécier, à souhaiter qu’ils les représentent encore pour la prochaine élection présidentielle. Quant à Macron, il doit se délecter de la position de LFI qui lui offre sans effort une parfaite excuse pour refuser de nommer l’un de ses représentants à Matignon.

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