Respectabilité

En 2014, les élections européennes en France avaient été la première opportunité pour le Rassemblement National de prouver sa capacité à mobiliser son électorat, mais également à séduire de nouveaux votants qui ont propulsé le parti de droite nationaliste en tête du scrutin, une première pour le mouvement qui était encore le «Front National». Aujourd’hui, […]

Mai 26, 2024 - 23:30
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Respectabilité

En 2014, les élections européennes en France avaient été la première opportunité pour le Rassemblement National de prouver sa capacité à mobiliser son électorat, mais également à séduire de nouveaux votants qui ont propulsé le parti de droite nationaliste en tête du scrutin, une première pour le mouvement qui était encore le «Front National». Aujourd’hui, l’AfD en Allemagne espère probablement réussir à reproduire le même modèle. Toutefois, malgré d’excellents résultats de sondages et une opinion publique qui semble de plus en plus séduite par le message du parti allemand, des erreurs de parcours risquent de nuire à ses ambitions. En effet, l’AfD a banni mercredi de tout meeting électoral sa tête de liste au scrutin européen, Maximilian Krah, le sanctionnant pour une série de dérapages. Cette interdiction s’applique aux événements électoraux du parti et à ses autres événements publics, a précisé un porte-parole de l’Alternative pour l’Allemagne (Alternative für Deutschland) à l’AFP, après une conférence téléphonique du bureau fédéral. Cet avocat de 47 ans va aussi quitter les instances dirigeantes du parti, a-t-il lui-même confirmé sur X. Mais il reste tête de liste aux élections du 9 juin. Il est, en effet, trop tard pour en changer. La décision fait suite à l’annonce mardi par le RN en France de mettre fin à sa coopération au Parlement européen avec l’AfD. La raison étant un incident impliquant l’eurodéputé, soupçonné de proximité avec la Russie et la Chine et très actif sur TiKTok, remontant au week-end dernier. Il avait estimé qu’un SS n’était «pas automatiquement un criminel» dans un entretien avec le quotidien italien «La Repubblica». «L’AfD va de provocation en provocation», a déclaré mercredi sur la radio Europe 1 Marine Le Pen, la présidente du groupe RN à l’Assemblée Nationale. «Il est temps d’acter la rupture avec ce mouvement qui n’est pas dirigé et qui manifestement subit une emprise de groupements radicaux en son sein», a-t-elle mis au point. Dans une réaction sur X, Maximilian Krah a, quant à lui, déploré que des «déclarations objectives et nuancées de ma part aient été utilisées comme prétexte pour nuire à notre parti». Depuis plusieurs semaines, cet élu d’extrême droite était devenu une source d’embarras pour son parti qui l’avait pourtant désigné il y a environ un an, à une large majorité, pour être tête de liste aux élections européennes du 9 juin. La justice allemande avait notamment ouvert une enquête préliminaire pour soupçons de financements russe et chinois. Un de ses assistants au Parlement européen, Jian Guo, se voit par ailleurs reprocher par le parquet fédéral d’avoir espionné pour le compte de Pékin au cœur même de l’institution. Il a été arrêté fin avril. Mais la fin des relations entre le RN et le parti allemand est plus dommageable pour l’AfD qui avait trouvé dans le parti français un allié presque semi-décent qui lui permettait de prétendre à une certaine légitimité qui lui manque cruellement malgré de bons résultats aux élections. Mais cette rupture semblait néanmoins inévitable lorsque l’on observe les deux mouvements. En France, le RN tente en effet depuis plus d’une décennie de se construire une image de respectabilité pour espérer accéder au pouvoir, alors que l’AfD ne se soucie pas de son image mais semble surtout déterminé à changer les mentalités pour détourner les Allemands de leur mentalité hospitalière et favoriser ainsi un changement des lois sur l’immigration et les droits d’asile.

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