Solidarité

L’Union européenne est loin d’être considérée, comme le souhaitaient de nombreux responsables politiques européistes, les États-Unis européens. Que ce soit sur le plan économique, social ou encore militaire, les 27 ont du mal à s’accorder et à parler d’une même voix. Il y a quelques années, certaines personnalités politiques avaient proposé de mettre en place […]

Aou 30, 2024 - 23:50
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Solidarité

L’Union européenne est loin d’être considérée, comme le souhaitaient de nombreux responsables politiques européistes, les États-Unis européens. Que ce soit sur le plan économique, social ou encore militaire, les 27 ont du mal à s’accorder et à parler d’une même voix. Il y a quelques années, certaines personnalités politiques avaient proposé de mettre en place une armée européenne regroupant des contingents de tous les pays membres pour défendre le continent. Une idée qui est rapidement passée à la trappe, par manque de financement mais surtout suite à la montée des partis nationalistes dans les pays de la zone euro. Les 27 ont montré ces dernières années à de nombreuses reprises leur incapacité à travailler ensemble et encore plus à se montrer solidaires dans les moments de troubles. Lors de la crise sanitaire du Covid-19 en 2020, les pays européens ont travaillé chacun de leur côté pour le bien de leur peuple, parfois au détriment de leurs voisins. Lors de la montée de tensions en mer méditerranéenne entre la Turquie et la Grèce en 2022, et alors qu’Ankara violait ouvertement les territoires maritimes d’un pays de l’UE, tous les pays, hormis la France, ont préféré regarder ailleurs, manquant à leur devoir de solidarité. Pour les Grecs toutefois, l’indifférence de Bruxelles n’était pas nouvelle, le pays ayant été laissé à l’abandon par ses alliés lors de la crise économique qui a frappé le pays en 2008. Pire, certains, à l’instar de Berlin, qui jouissaient d’une croissance économique florissante, suggéraient même de couper les ponts avec le pays en l’expulsant de la zone euro. Aujourd’hui, c’est le dossier ukrainien qui fait ressurgir la désunion de l’UE. «La sécurité à long terme de l’Europe commence par des décisions audacieuses à court terme pour l’Ukraine», implorait, jeudi, l’Ukrainien Dmytro Kuleba, à Bruxelles. «Nous apprécions tout ce que l’UE a fait jusqu’à présent, mais la réalité sur le terrain exige davantage. Chaque jour de retard se paie en vies ukrainiennes», rappelle, une fois de plus, le ministre ukrainien des Affaires étrangères. L’offensive sur Koursk sème chez les dirigeants européens des sentiments partagés. Comme toujours, ce sont les pays les plus à l’est, ceux qui ont le plus à craindre de l’impérialisme russe, qui sont les plus nets soutiens du régime ukrainien. La question de l’utilisation des armes fournies par l’UE sur le territoire russe reste un sujet de désaccord. Tous les pays membres ne partagent pas cette vision. Et la Hongrie maintient que l’escalade du conflit militaire est une erreur majeure de l’UE. Andris Spruds, ministre letton de la Défense, a souligné l’engagement de la Lettonie à consacrer 0,25 % de son PIB au soutien militaire à l’Ukraine, appelant implicitement les autres pays à faire de même. Pour la Lettonie, la somme est assez faible : 100 millions d’euros. Pour l’Allemagne (dont le PIB est de 4 121 milliards d’euros), cela représenterait 10 milliards d’euros. Or, Berlin est déjà le plus gros contributeur européen avec 8 milliards d’euros et envisage déjà, pour 2025, de réduire son aide de moitié. Les retards dans la livraison de munitions sont patents et traduisent les atermoiements des Européens dont les gouvernements ont, il est vrai, d’autres préoccupations. «Chaque promesse non tenue, chaque retard dans les livraisons, affaiblit notre position sur le champ de bataille, insiste Dmytro Kuleba. Nous ne demandons pas l’impossible, nous exigeons simplement que les engagements pris soient honorés». «Le temps des demi-mesures est révolu. L’Ukraine a besoin d’un soutien décisif et sans équivoque», lance Kuleba à l’ensemble des dirigeants européens. Les pays de l’UE ne s’attendaient certainement pas en 2022 à devoir continuer deux ans et demi après le début de la guerre à devoir continuer à financer un conflit dont on ne voit plus le bout, et qui a déjà englouti des centaines de milliards d’euros d’aides en direction de Kiev. Surtout à l’heure où les populations européennes, qui subissent une inflation particulièrement virulente, ne comprennent plus pourquoi leurs impôts doivent servir à l’effort de guerre d’un pays étranger.

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