A défaut d’un accord, peut-être une accalmie

Aux Etats-Unis le président sortant et sa vice-présidente et candidate démocrate à l’élection fatidique du 5 novembre n’arrêtent pas de mener campagne sur le thème d’un accord imminent qui ferait libérer les prisonniers israéliens aux mains de la résistance palestinienne, dont un certain nombre est également américain, et mettrait fin à la guerre à Ghaza, […]

Sep 1, 2024 - 20:30
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A défaut d’un accord, peut-être une accalmie

Aux Etats-Unis le président sortant et sa vice-présidente et candidate démocrate à l’élection fatidique du 5 novembre n’arrêtent pas de mener campagne sur le thème d’un accord imminent qui ferait libérer les prisonniers israéliens aux mains de la résistance palestinienne, dont un certain nombre est également américain, et mettrait fin à la guerre à Ghaza, et peu importe si ces annonces ne sont toujours pas corroborées dans la réalité. En Israël le mouvement emmené par les familles des détenus perd du terrain, au lieu d’en gagner, ce qui, on s’en doute un peu, n’est pas de nature à arranger ses affaires. Le temps où il mobilisait des foules imposantes se chiffrant par centaines de milliers semble révolu. Tout se passe en Israël comme si ce sont les courants opposés à tout accord qui avaient le vent en poupe. Dans ce pays, une guerre ne se termine pas par un accord avec l’ennemi, comme partout ailleurs, et indépendamment du fait qu’on l’ait ou non vaincu, mais par une élection, qu’il faut remporter sous peine de disparaître de la scène ou de connaître un sort plus affreux encore. Les démocrates américains sont probablement aujourd’hui les seuls dans le monde à croire qu’un accord non seulement reste possible, mais qu’il est plus que jamais à portée de la main.

Ce n’est le cas de leurs adversaires républicains, qui eux ne demandent rien de tel au gouvernement israélien, semblant même à cet égard en parfaite harmonie avec lui. C’est qu’à la différence des démocrates, il n’existe au sein de leur électorat nulle frange pour qui un accord mettant fin au massacre des Palestiniens conditionne une demande essentielle. Les démocrates pro-palestiniens estiment leur nombre à plusieurs centaines de milliers, autant de voix susceptibles de manquer à Kamala Harris le jour J, dans la mesure où d’ici là le génocide en cours n’est pas arrêté. Or tout porte à croire qu’il ne s’arrêtera pas. Les Américains pro-palestiniens sont déchirés entre le devoir de moral d’apporter assistance à un peuple en grand péril, dont beaucoup d’entre eux sont d’ailleurs issus, et la nécessité de faire barrage à un candidat Trump plus pro-sioniste encore que Biden, et qui pour sa part n’est demandeur d’aucun accord. Si le gouvernement israélien n’en veut pas non plus, c’est entre autres motifs pour favoriser son retour au pouvoir. Pour autant, l’hypothèse que la présidentielle américaine se tienne alors que la guerre fait rage à Ghaza n’est peut-être pas la seule qui soit concevable. On peut imaginer une situation de ni guerre ni paix à son approche et pendant son déroulement, où en tout cas le nombre des morts et blessés palestiniens diminue sensiblement, et où il entre à Ghaza nettement plus d’aide humanitaire. Un cas de figure qui pourra faire dire aux démocrates non pas certes qu’un accord a été conclu dans le secret, mais qu’enfin les conditions sont maintenant réunies pour qu’il le soit bientôt. Ils ne seraient pas plus dans le vrai alors qu’ils ne le sont aujourd’hui, sauf qu’alors ils auront quelque chose de concret à faire valoir, dont leurs électeurs pro-palestiniens pourraient se contenter, d’autant que la perspective d’aider à la réélection de Trump leur fait horreur. En attendant que l’accalmie s’installe, la campagne de vaccination contre la polio à Ghaza, pour laquelle se mobilise la communauté internationale, est un signe avant-coureur de ce que pourrait être un accord par défaut, le seul qui soit possible dans cette guerre qui entre dans son douzième mois tout en s’étendant en Cisjordanie.

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