Boualem Amoura, membre actif de la CSA : «Les travailleurs sont le rempart contre toute agression extérieure»

Les travailleurs algériens ont célébré, ce mercredi, la Journée internationale du travail, à l’instar des travailleurs du monde entier. Distingués par leur rôle positif, les travailleurs algériens ont contribué, de manière significative, au développement du pays. Une position qui a été renforcée par l’Etat, ces dernières années, notamment à travers l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des […] The post Boualem Amoura, membre actif de la CSA : «Les travailleurs sont le rempart contre toute agression extérieure» appeared first on Le Jeune Indépendant.

Mai 1, 2024 - 21:20
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Boualem Amoura, membre actif de la CSA :  «Les travailleurs sont le rempart contre toute agression extérieure»

Les travailleurs algériens ont célébré, ce mercredi, la Journée internationale du travail, à l’instar des travailleurs du monde entier. Distingués par leur rôle positif, les travailleurs algériens ont contribué, de manière significative, au développement du pays.

Une position qui a été renforcée par l’Etat, ces dernières années, notamment à travers l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs. Sur le plan syndical, la Constitution du pays ainsi que les lois ont permis de consolider davantage les acquis de la pluralité syndicale. Boualem Amoura, syndicaliste et membre de la CSA, estime qu’il y a eu des acquis mais que cela reste insuffisant, d’où la nécessité de les renforcer. Pour lui, les travailleurs algériens doivent bénéficier d’un pouvoir d’achat qui les protège de toute sollicitation.

Le Jeune Indépendant : L’exercice syndical ou le droit syndical dans notre pays a traversé plusieurs phases, depuis l’indépendance à ce jour. Des acquis ont été arrachés et d’autres sont restés en suspens. Comment comptez-vous poursuivre le combat syndical ?

Boualem Amoura : Effectivement il y a eu des acquis et personne ne peut le nier.  Nous avons, par exemple, arraché plusieurs fois des augmentations salariales. Le Président nous a écoutés. D’ailleurs, en 2022, alors que j’étais coordinateur de la CSA, l’ex-ministre du Travail avait dit qu’il n’y aurait pas d’augmentation de salaire. J’ai mené « une guerre » à travers la presse contre lui et, finalement, le Président nous a écoutés et a décidé des augmentations de salaire en janvier 2023 et en janvier 2024.

C’est un acquis mais cela reste insuffisant. On attend donc d’autres augmentations. Nous avons été invités par le ministre du Travail, et c’est là aussi un acquis. Tout cela nous le devons à notre combat quotidien et à notre patience.

Que reste-t-il à améliorer que vous comptez revendiquer ?

Il y a effectivement des choses à améliorer, à l’image de l’agrément de la CSA (Confédération des syndicats algériens), qui est légale et réglementaire, mais malgré la révision de la loi 90/14, le ministère du Travail refuse de nous octroyer l’agrément et cela est anticonstitutionnel. Nous avons répondu à toutes les réserves du ministre du Travail mais celui-ci ne nous a toujours pas délivré le récépissé de dépôt.

Nos pays voisins ont plus d’une centrale syndicale alors que nous, nous continuons à travailler avec une seule centrale syndicale depuis 1962 ! C’est inadmissible alors que la loi nous le permet et la Constitution décrète la constitution d’une confédération par voix déclarative.

Je suis de l’avis qu’il reste beaucoup à faire dans notre pays pour s’aligner sur ce qui se fait dans le monde, et nous avons les moyens de le faire. Nous avons demandé la révision du SGFP (statut général de la fonction publique) afin de bien réviser les statuts particuliers de tous les secteurs de la fonction publique, mais nous n’avons eu droit à aucune réponse.

L’être humain est la base de tout changement dans la vie d’un pays, notamment les travailleurs. C’est pourquoi il est inconcevable et inacceptable qu’un travailleur de la fonction publique touche encore en 2024 un salaire de 20 000 DA. Comment peut-on vivre avec un tel salaire ? 65 % des retraités algériens touchent une retraite de 25 000 DA et ils ont des familles à charge.

Il faut revoir aussi le fonctionnement de la CNAS (Caisse nationale d’assurance sociale) et le droit de remboursement mais aussi revoir le fonctionnement de la carte Chiffa car nous estimons qu’il est dépassé.

Il faut revoir les retraites et aussi accorder l’agrément au syndicat des retraités algériens OSRA (Organisation syndicale des retraités algériens). Nous sommes en 2024 et le monde a changé, nous sommes donc obligés de changer nous aussi.

Comment évaluez-vous l’exercice du droit syndical en Algérie ?

Avec le départ à la retraite de l’ancienne génération en 2016 et avec l’arrivée de la nouvelle génération, j’estime qu’il a régressé. Il nous faut beaucoup de temps pour ramener la nouvelle génération au niveau de conscience adéquat.

Que représente pour vous la nouvelle loi 23-02 de mai 2023, qui régit actuellement l’exercice syndical ou le droit syndical ?

C’est un recul du droit syndical car cette loi a verrouillé le champ syndical. Le ministère du Travail a élaboré une loi anticonstitutionnelle et contraire à la convention 87 du BIT (Bureau international du travail), nous avons ainsi régressé dans les libertés syndicales. Pour être honnête, l’ancienne loi 90/14, que nous avons tant décriée, est mille fois meilleure que la présente loi 23/02.

Qu’en est-il de la deuxième loi, la 23-08, qui régit le dialogue social, le règlement de conflits et éventuellement l’exercice du droit de grève. Ces deux lois ont été adoptées, votées et publiées durant l’année 2023.

La loi 23/08 qui régit le dialogue social et le règlement des conflits n’est pas meilleure. Peut-on réellement imaginer que pour faire grève, il faille au moins six mois de préavis ?! Les critères pour aller vers une grève sont plus stricts et trop exigeants, à savoir la présence d’un huissier de justice dans l’assemblée générale et même du directeur avec lequel et contre lequel vous faites grève. C’est inadmissible et c’est un recul dans le droit de grève. Tout est verrouillé à travers ces deux lois au moment où nous nous attendions à plus de flexibilité dans les deux lois.

Il y a eu création de vingt syndicats rien que dans le secteur de l’éducation en 2019, des syndicats corporatistes. Et là aussi, pour faire grève, c’est très difficile car il y a eu émiettement de toutes les forces, mais nous n’avons pas peur de cette situation, nous avons assez d’expérience pour l’affronter. Donc, ce sont deux lois anticonstitutionnelles et contre la Convention 86 signée par l’Algérie.

La CSA a prévu d’organiser une journée de protestation à l’occasion du 1er mai qu’elle a finalement annulée.  Pouvez-vous nous en parler ?

 

Oui, nous avons prévu d’organiser un sit-in devant le ministère du Travail car il s’entête à ne pas nous délivrer le récépissé de la CSA que nous avons créée, et ce depuis novembre 2018 à ce jour. Nous l’avons sollicité à plusieurs reprises pour des rencontres bilatérales mais il refuse de nous recevoir, alors qu’il reçoit d’autres syndicats. Pourquoi cette politique de deux poids deux mesures ? En fin de compte, le ministre nous a conviés à une réunion suite à laquelle nous avons décidé d’annuler notre rassemblement et d’attendre ce qui va se passer par la suite.

A l’occasion de la Journée des travailleurs, quel message voudriez-vous transmettre ?

Je veux juste dire que nous vivons dans un monde qui ne pardonne pas et que l’Algérie doit se mettre au diapason de ce qui se fait dans le monde, et qu’elle ne doit compter que sur ses travailleurs qui sont le rempart contre toute agression extérieure.

Les travailleurs algériens doivent bénéficier d’un pouvoir d’achat qui les protège de toute sollicitation. Le ministre des Finances a donné, dans sa conférence de presse, de bons résultats de l’économie algérienne et, par voie de conséquence, le travailleur doit aussi bénéficier de cela à travers des augmentations, et ce tout de suite, sans attendre 2025 ou 2026 pour le faire.

 

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