Cible

Si Berlin a depuis le début de la guerre en Ukraine été une alliée claire et sans ambages de Kiev, elle fait toutefois partie du camp de ceux qui tentent d’apaiser la situation avec Moscou plutôt que de se lancer, comme l’a fait à de nombreuses reprises Paris, dans des prises de position provocatrices vis-à-vis […]

Jul 30, 2024 - 22:50
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Cible
Si Berlin a depuis le début de la guerre en Ukraine été une alliée claire et sans ambages de Kiev, elle fait toutefois partie du camp de ceux qui tentent d’apaiser la situation avec Moscou plutôt que de se lancer, comme l’a fait à de nombreuses reprises Paris, dans des prises de position provocatrices vis-à-vis du Kremlin. L’Allemagne avait d’ailleurs été vivement critiquée par ses alliés et le gouvernement ukrainien pour avoir gardé son accord d’approvisionnement en gaz avec la Russie plusieurs mois après le déclenchent de la guerre en Ukraine. Toutefois, cela n’empêche pas l’Allemagne d’être l’une des plus farouches opposantes de la Russie. Cela est dû, sans aucun doute, à son douloureux passé, l’Allemagne ayant été scindée en deux durant quatre décennies avec une Allemagne de l’Est ayant appartenue au bloc soviétique du 7 octobre 1949 au 3 octobre 1990. Aujourd’hui, Berlin est le premier allié des États-Unis en Europe. Même le scandale des écoutes de la NSA il y a quelques années, qui avait admis après des révélations fracassantes avoir mis la chancelière Angela Merkel sous surveillance n’avait pas écorné l’alliance entre les deux pays. Une coopération également militaire, notamment au sein de l’Otan, qui suscite des frictions avec le Kremlin. La Russie a dénoncé ainsi l’annonce de Washington et de Berlin, à l’occasion du sommet de l’Otan, d’installer des missiles à longue portée en Allemagne à partir de 2026. Le Kremlin a évoqué une forme de retour à la «guerre froide». La décision annoncée il y a quelques semaines de déployer des missiles américains à longue portée en Allemagne fait des capitales européennes des cibles pour les missiles russes, et les victimes d’une confrontation entre Washington et Moscou, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dans une habituelle rhétorique de menaces, face au soutien de l’Occident à l’Ukraine, depuis son invasion par la Russie. «L’Europe est une cible pour nos missiles, notre pays est une cible pour les missiles américains en Europe. Nous avons déjà connu cela, nous l’avons traversé. Nous avons la capacité de contenir ces missiles, mais les victimes potentielles sont les capitales de ces pays européens», a-t-il déclaré, en référence à la décision de Washington et Berlin de déployer différents types de missiles américains à longue portée en Allemagne en 2026. À l’occasion du sommet de l’Otan, Washington et Berlin ont annoncé il y a quelques semaines, dans une déclaration conjointe, que les États-Unis allaient «débuter des déploiements épisodiques de capacités de feu à longue portée en Allemagne en 2026», évoquant des missiles SM-6, des missiles Tomahawk et des armes hypersoniques en cours de développement, ce qui accroîtra la portée des capacités actuellement déployées en Europe. Cela «démontrera l’engagement des États-Unis en faveur de l’Otan et sa contribution à une dissuasion européenne intégrée», selon le communiqué conjoint. L’annonce a été dénoncée par le Kremlin comme une forme de retour à la «guerre froide», et les ministres de la défense des deux puissances nucléaires se sont parlés il y a peu pour évoquer «la réduction du risque d’une escalade», d’après Moscou, tandis que Washington insistait à cette occasion sur «l’importance de maintenir des lignes de communication». L’Allemagne, qui a toujours tempéré les sorties d’Emmanuel Macron, qui a répété à de nombreuses reprises qu’une intervention armée de son pays en Ukraine n’était pas à exclure, a ainsi également froissé le Kremlin qui n’hésite pas à menacer ouvertement tous ceux qui, estime-t-il, provoquent Moscou. Reste à voir jusqu’où ces menaces peuvent aller et si la Russie, en guerre depuis déjà deux ans et demi avec l’Ukraine, massivement soutenue financièrement par l’Occident, serait prête à franchir le Rubicon et à provoquer une escalade militaire en Europe dont l’ampleur et les conséquences sont pour le moment incapables à mesurer.

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