Dissolution

Le Rassemblement National a remporté une victoire historique dimanche soir lors des élections européennes, avec un score à près de 32 % des voix, distançant le parti de la majorité présidentielle avec plus de 17 % des voix. Une défaite qui tranche avec les scores du scrutin de 2019, où le RN avait remporté la victoire, déjà avec à ce moment-là 1 % d’écart. Or, après cette victoire écrasante dimanche soir, le chef de l’État français a pris la parole et annoncé aux Français une dissolution de l’Assemblée Nationale. «J’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc ce soir l’Assemblée Nationale», a déclaré Macron, la mine grave. Des élections législatives seront organisées les 30 juin et 7 juillet. «Le principal enseignement est clair, ce n’est pas un bon résultat pour les partis qui défendent l’Europe, dont celui de la majorité présidentielle», a déclaré Macron, dénonçant la montée «des nationalistes et des démagogues» qui représentent, selon lui, «un danger pour notre nation et pour l’Europe». Une décision inattendue de la part de celui qui avait joué son va-tout lors des dernières semaines de la campagne pour faire barrage au RN, mais qui a visiblement échoué. Vingt-sept ans après Jacques Chirac, le chef de l’État a donc décidé d’appuyer sur le bouton nucléaire de la dissolution. «Je ne peux que saluer cette décision qui s’inscrit dans la logique des institutions de la Ve République», a réagi dans la foulée Marine Le Pen, en assurant que le RN était «prêt à exercer le pouvoir». Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a salué la «décision gaullienne et courageuse» d’Emmanuel Macron. «Il faut toujours écouter le peuple en démocratie». Jordan Bardella, qui s’est exprimé le premier, avait appelé le chef de l’État à «prendre acte d’un désaveu cinglant et d’un rejet clair» de la politique menée par son gouvernement et à organiser en conséquence «de nouvelles élections législatives». «C’est un vote de grande signification. Il appelle une refondation, une reconstruction de la vie politique, de la relation entre le pouvoir et les citoyens. Cette consultation ne peut pas être ignorée», estimait François Bayrou. Le RN aura ainsi obtenu grâce à ces européennes, une dissolution qui était réclamée à cor et à cri par le parti nationaliste depuis plusieurs années maintenant. Toutefois, la victoire ce dimanche du Rassemblement National ne signifie pas que le parti remportera automatiquement les élections législatives de la fin du mois de juin et le RN devra convaincre d’ici deux semaines que le camp nationaliste est prêt à gouverner. Cela pourrait aussi se retourner contre Marine Le Pen d’ici à 2027, qui a toujours utilisé l’argument selon lequel son parti n’a jamais été au pouvoir et n’était donc pas responsable de la situation critique que vit le pays. Or, si le RN remporte les législatives et arrive à Matignon, la candidate à la prochaine présidentielle perdra cet argument et devra même répondre du bilan de celui qui sera placé à la tête du prochain gouvernement.