Incompatibilité

Si les États-Unis semblent, pour le moment du moins, avoir calmé leur habitude de s’ingérer militairement dans des zones de conflits aux quatre coins du monde, ils continuent néanmoins à vouloir imposer à toute force leur version de la démocratie et de la liberté sur de nombreux autres peuples. Les États-Unis ont ainsi annoncé, il […]

Aou 5, 2024 - 22:30
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Incompatibilité

Si les États-Unis semblent, pour le moment du moins, avoir calmé leur habitude de s’ingérer militairement dans des zones de conflits aux quatre coins du monde, ils continuent néanmoins à vouloir imposer à toute force leur version de la démocratie et de la liberté sur de nombreux autres peuples. Les États-Unis ont ainsi annoncé, il y a quelques jours, suspendre une aide de plus de 95 millions de dollars à la Géorgie en raison d’«actions anti-démocratiques», après l’adoption, en mai, d’une législation controversée sur l’«influence étrangère» calquée sur une loi répressive russe. «Les actions anti-démocratiques du gouvernement géorgien et ses affirmations mensongères sont incompatibles avec les règles d’adhésion de l’UE et de l’Otan», a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans un communiqué, en référence aux ambitions de ce pays du Caucase à rejoindre ces alliances. Washington avait ordonné en mai un réexamen de l’ensemble de sa collaboration avec la Géorgie après l’adoption par le Parlement de Tbilissi de cette loi qui a suscité des manifestations massives dans le pays. La législation impose à toute ONG ou à tout média recevant plus de 20 % de son financement de l’étranger de s’enregistrer en tant qu’«organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère» et de se soumettre à un contrôle administratif. Ses détracteurs l’ont surnommé «loi russe» en raison de sa similitude avec une législation votée en Russie pour réprimer l’opposition. Les États-Unis avaient déjà annoncé des sanctions visant des dizaines de responsables géorgiens et la suspension de manœuvres militaires avec la Géorgie prévues fin juillet. Bien que la Géorgie, ancienne République soviétique, soit officiellement candidate à l’UE depuis décembre 2023, et que le Rêve géorgien soutient formellement l’objectif inscrit dans la Constitution de rejoindre un jour l’UE et l’Otan, ce parti, au pouvoir depuis 2012, a multiplié les mesures qui, selon ses détracteurs, rapprochent le pays de Moscou. Les dirigeants de l’UE ont décidé fin juin d’un «arrêt» de facto du processus d’adhésion, dans l’attente d’un changement de politique à Tbilissi. Pourtant, les États-Unis ont été par le passé de très sérieux alliés des Géorgiens, allant jusqu’à endommager leurs relations avec la Russie en 2008, qui fut alors, comme elle l’est aujourd’hui, interdite d’exhiber ses couleurs et son hymne national, ses athlètes devant concourir sous bannière neutre lors des Jeux olympiques. Mais pour Washington tout ce qui a trait à la Russie devient désormais criminel, quitte à se brouiller avec l’un de ses alliés dans la région, prenant le risque de peut-être pousser inéluctablement Tbilissi dans les bras de Moscou.

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