Quand l’une des parties aux négociations est déjà un cadavre politique

Dans une déclaration à la presse, et en présence du président israélien, avec lequel il venait de s’entretenir, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a mis en avant le fait que le temps était venu de faire libérer les captifs israéliens, laissant entendre par là que les conditions étaient maintenant réunies pour cela. […]

Aou 19, 2024 - 20:15
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Quand l’une  des parties aux négociations est déjà un cadavre politique

Dans une déclaration à la presse, et en présence du président israélien, avec lequel il venait de s’entretenir, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a mis en avant le fait que le temps était venu de faire libérer les captifs israéliens, laissant entendre par là que les conditions étaient maintenant réunies pour cela. Mais se reprenant vite, il a ajouté, ce qui n’a pas manqué de faire tiquer son hôte debout à ses côtés : mais le temps est venu aussi de faire en sorte que personne ne fasse capoter l’accord désormais à portée de main, et cela en recourant à des initiatives intempestives. En fait, tout a été dit en deux phrases, à savoir que l’accord est fin prêt qui attend d’être conclu au Caire dans les heures prochaines, pour autant quelqu’un est à la manœuvre qui peut faire rater ce qui semble bien être la dernière chance d’un accord profitable non seulement aux deux parties mais à toute la région, et même aux Etats-Unis, dont les élections pourront alors se tenir dans des conditions optimales, c’est-à-dire avec des chances accrues qu’elles soient remportées par les démocrates.

Ce quelqu’un n’est pas n’importe qui, c’est Benyamin Netanyahou, qui tient son pouvoir non pas des Etats-Unis mais d’une alliance d’extrême droite élue non pas pour faire la paix mais pour déposséder les Palestiniens de ce qui leur reste de la Palestine. S’il y a accord au Caire, Netanyahou tombera avant la fin de cette semaine, les négociations entre les intermédiaires étant censées reprendre au plus tard mercredi prochain. D’ailleurs par accord, Netanyahou et ses ministres d’extrême droite entendent seulement libération des captifs, après quoi libre à eux de reprendre la guerre, d’autant plus aisément à cet instant que leurs forces seront restées dans Ghaza le temps nécessaire à l’échange des prisonniers. Les Américains peuvent beaucoup pour Israël et son gouvernement, malgré leurs divergences d’avec ce dernier, et d’ailleurs ils font beaucoup depuis bientôt une année, mais ils ne peuvent rien pour détacher le cou de Netanyahou de la corde qui à la fois l’enserre et le soutient, et sans que du même coup il s’affaisse sur le sol. Netanyahou est plus qu’un otage politique aux mains de ses alliés du gouvernement, c’est déjà un cadavre politique, sauf que cela ne se verra vraiment que lorsque se rendant à la pression de plus en plus grande des Etats-Unis, il consent à un accord acceptable pour le côté palestinien. Les Etats-Unis poussent dans le sens d’un accord passable avec un gouvernement israélien que sa nature politique pousse dans le sens contraire. Ils ne peuvent à la fois vouloir très fort un accord et de l’autre donner l’assurance à ceux qui détiennent le pouvoir en Israël, et qui eux sont partisans de la victoire complète, que cet accord effectivement ne durera que le temps de récupérer les prisonniers. Parce qu’alors, ce seront les Palestiniens qui se rebifferont. Netanyahou exige de l’administration Biden un engagement écrit l’autorisant lui à reprendre la guerre dès après la libération du dernier prisonnier retenu à Ghaza. Les Américains en sont réduits à agiter devant lui le spectre d’un embrasement régional s’il continue de faire obstacle à l’accord présenté par eux comme étant imminent. Cette arme, dont maintenant l’ami américain ne répugne pas à se servir pour l’amener à de meilleurs sentiments, n’aurait pas été employée contre lui si lui-même n’avait pas fait assassiner à Téhéran Ismaïl Haniyeh.

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