Tondre à la hâte le gazon en Cisjordanie

Au regard des forces engagées, qui la faisaient comparer à celle de 2002 et à elle seule, l’opération israélienne au nord de la Cisjordanie semblait devoir durer, pour être conduite parallèlement à la guerre à Ghaza, de même que si c’était cette dernière qui s’y répercutait. Or voilà que 48 heures seulement après avoir débuté, […]

Aou 30, 2024 - 23:50
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Tondre à la hâte le gazon en Cisjordanie

Au regard des forces engagées, qui la faisaient comparer à celle de 2002 et à elle seule, l’opération israélienne au nord de la Cisjordanie semblait devoir durer, pour être conduite parallèlement à la guerre à Ghaza, de même que si c’était cette dernière qui s’y répercutait. Or voilà que 48 heures seulement après avoir débuté, les unités israéliennes se retirent de partout, sauf toutefois de Jénine où accrochages avec les résistants palestiniens, explosions, et destructions des infrastructures se poursuivent, paraissant même avoir gagné en intensité. N’ayant pas été prévu, ce tour des événements a surpris. Pour beaucoup en effet, c’était la guerre de Ghaza qui rejaillissait en Cisjordanie, de sorte que c’est dans toute la Palestine qu’elle allait se mener désormais, un point de vue conforté en premier lieu par l’envergure exceptionnelle de l’opération. Une source israélienne explique son déclenchement en ce moment par l’urgence qu’il y avait d’empêcher une attaque imminente contre une colonie. Une autre croit savoir que le but était de terminer en Cisjordanie une guerre commencée ailleurs, à Ghaza justement, et que cela n’aurait pas été possible si à Ghaza le sort des armes ne tournait pas à l’avantage d’Israël. Côté israélien, on le voit, l’hypothèse d’une première extension forcée de la guerre n’a guère été prise au sérieux, le mot lui-même étant d’ailleurs abhorré car n’augurant rien de bon.

Pour les Israéliens, de même que pour les Américains, une guerre qui s’étend, c’est une guerre qui se perd. Les Etats-Unis ont depuis le début fait le nécessaire pour que cette guerre reste confinée à l’endroit où elle a éclaté, qu’elle ne déborde nulle part, pas même ailleurs en Palestine, une éventualité d’ailleurs peu probable étant donné que pour passer d’un lieu à un autre, un conflit armé a besoin d’une continuité territoriale, qui justement n’existe pas entre Ghaza et la Cisjordanie. Il en existe cependant une entre la Cisjordanie et l’Iran, à travers la Jordanie et l’Irak. Ce serait par là que l’Iran armerait les groupes palestiniens installés en Cisjordanie, lesquels dressent des embuscades aux forces israéliennes, soit à l’intérieur des camps soit à leur périphérie. Dans l’opération en cours, l’aviation israélienne est intervenue comme à Ghaza, ce qui a fait penser que c’est en fait la guerre à Ghaza qui déteint sur la Cisjordanie malgré leur séparation. Or cette guerre est depuis des mois une réalité quotidienne au sud du Liban. Maintenant on ne peut exclure que l’opération en question ne soit qu’une opération de communication destinée à faire croire à l’opinion israélienne que la guerre à Ghaza est en train d’être gagnée, et par conséquent est près de finir, si l’armée peut se permettre d’en mener en même temps une de cette envergure contre les «terroristes» de Cisjordanie. Pour le gouvernement Netanyahou, tout est bon à entreprendre qui permette de renforcer le front intérieur, et d’abord en faisant douter ceux qui font pression sur lui pour qu’il passe sans plus attendre un accord avec le Hamas. Toute feinte est bonne à opérer sous la condition de ne se laisser enliser nulle part. Il a été question de 10 000 soldats engagés au nord de la Cisjordanie, mais qui ne l’ont été que durant 48 heures seulement. Déjà un grand nombre d’entre eux, peut-être leur majorité, auraient déjà accompli le travail pour lequel ils ont été requis : tondre tant soit peu le gazon dans les camps palestiniens de Cisjordanie, comme cela se faisait tous les 10 ans à Ghaza.

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