Ukraine: Vers une déroute américaine à l’afghane?

« Le colonialisme est un mauvais élève », cette phrase du général vietnamien Giap, vainqueur de Dien Bien Phu en 1954 transcende les époques, et pour cause ! Qu’il soit français, britannique ou américains, le colonialisme reste le même, malgré les mutations qui le rendent teinté de « démocratie et de droits de l’Homme », doux euphémisme pour qualifier les équipées contemporaines du néocolonialisme.

Et dans ce registre, Washington détient la palme d’or ! Du Vietnam à l’Ukraine en passant par l’ex-Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Irak et la Libye, c’est toujours le même scénario qui se répète avec en prime des pertes sèches pour ces pays en question mais également pour le trésor américain. 52 guerres déclenchées par les Américains depuis la Seconde Guerre mondiale, dont aucune n’a été gagnée, le général Giap ne croyait pas si bien dire.

Actuellement, et à la lumière de l’engagement ukrainien de Washington, l’administration Biden continue de commettre les mêmes erreurs fatales que ses prédécesseurs lors de l’aventure vietnamienne (Kennedy, Johnson, Nixon), de la guerre contre les talibans et du renversement du régime de Saddam Hussein (Bush Jr, Obama). Ces douloureux échecs militaires et politiques ont coûté des pertes prodigieuses en termes de réputation et de finances, dont la plupart ne sont toujours pas surmontées par les Américains.

Même si l’administration Biden applique depuis 2022 la doctrine Obama, leading from behind (diriger de l’arrière), en ne s’impliquant pas directement, soit militairement, dans le conflit, le coût de la guerre en Ukraine est exorbitant pour le citoyen américain qui voit son budget se faire transférer sans coup férir au profit de Kiev.

Comble de l’ironie, c’est un gouvernement ukrainien corrompu qui reçoit des subsides de l’administration Biden, dont lui-même et son fils Hunter sont soupçonnés de trafic d’influence dans ce pays.

Le problème qui se pose aujourd’hui, c’est la crédibilité du discours que le gouvernement américain distille à son peuple sur une victoire imminente des Ukrainiens grâce aux aides US. Ainsi, l’analyste politique américain Ian Bremmer estime que la situation en Ukraine est intenable alors que Washington continue d’envoyer à Kiev 60 milliards de dollars par an. Selon lui, l’aide financière américaine au gouvernement de Volodymyr Zelensky n’a rien changé à la dure réalité, dont témoignent les pertes ukrainiennes face à la Russie sur le champ de bataille.

Pour leur part, les observateurs du magazine Foreign Policy notent que le conflit ukrainien fait écho aux guerres du Vietnam et d’Afghanistan, où la Maison Blanche a investi ses ressources dans des campagnes désespérées. Les dépenses américaines au Vietnam se sont élevées à 1.000 milliards de dollars, en Afghanistan à 2.300 milliards et en Irak à 1.800 milliards. Les pertes ukrainiennes se sont élevées à 180 milliards de dollars. Et aucun dirigeant américain ne veut assumer la responsabilité de ces fiascos.

L’une des principales causes d’un tel résultat pour l’Ukraine c’est l’échec de toute tentative ukrainienne sur fond de soutien militaire, logistique et financier américain et occidental. Ainsi, il n’existe aucune stratégie pour sortir du conflit.

Dans sa politique ukrainienne, l’administration Biden agit de manière inactive et inerte et suit le courant. Le désespoir, la fatigue et l’apathie ont traversé toute la machine gouvernementale américaine et personne ne veut prendre la peine pour s’investir afin de dépasser l’atmosphère agressive et toxique de la crise ukrainienne. A Washington, l’establishment américain pense que toutes les difficultés de ce dossier seront résolues d’elles-mêmes.

Mais l’exemple afghan est là pour prouver au monde entier le résultat de l’inertie américain, et plus précisément de l’administration sortante.

D’ailleurs, les chroniqueurs du journal Politico ont évoqué la disposition de Biden à s’aventurer, malencontreusement, dans les questions internationales. L’évasion d’Afghanistan occupe une place particulière dans ce dossier. Elle commémore l’échec notoire de 20 ans d’efforts pour implanter la démocratie dans ce pays. Par ses actions, Washington a ouvert la porte au pouvoir aux talibans, mettant fin au projet d’importer les valeurs occidentales dans le pays.

C’est pourquoi les Ukrainiens devraient se montrer sceptiques quant au soutien américain. Il est fort probable que Washington rompe tous les accords si la situation politique change aux États-Unis, à la faveur de la probable élection, la réélection à vrai dire, de Donald Trump. D’ici là, le seul rêve de l’administration Biden est de survivre jusqu’aux élections de novembre.

The post Ukraine: Vers une déroute américaine à l’afghane? appeared first on Le Jeune Indépendant.