Conférence sur la critique théâtrale : État des lieux et défis

La conférence sur la critique théâtrale, organisée dans le cadre du Festival culturel local du théâtre professionnel de Sidi Bel Abbès, a constitué une occasion riche en réflexions et en échanges sur l’état actuel du théâtre algérien. Cet événement, qui a réuni des universitaires et des journalistes spécialisés dans le domaine, a permis de mettre en lumière les défis auxquels est confronté cet art vivant, mais aussi d’esquisser des pistes de réflexion pour son avenir.

Le Dr Leila Benaïcha a interpellé l’auditoire, du théâtre régional d’Oran Abdelkader Alloula, avec une question essentielle : pourquoi la critique théâtrale académique ne joue-t-elle pas un rôle plus central dans l’appréciation des œuvres théâtrales, en explorant leurs esthétiques et leurs spécificités ?

Elle a souligné la nécessité de la présence des deux éléments dans le mouvement théâtral dans son ensemble. « Pour ne pas laisser le terrain vide, il est en tout cas impossible d’éliminer la présence de la critique théâtrale, et nous ne pouvons pas reconnaître une critique théâtrale qui ne touche pas à la pratique créative théâtrale dans son ensemble », a-t-elle affirmé.

Parallèlement, le Dr. Mohamed Kada a souligné un problème persistant : l’absence croissante du public dans les salles de théâtre. « Dans les années 70, le public remplissait les salles de théâtre et payait volontiers pour assister aux pièces. Aujourd’hui, même si l’on exigeait un paiement pour accéder aux spectacles, il semble peu disposé à le faire », a-t-il regretté. Il a également souligné que « le théâtre fait partie intégrante de nos rues et de notre quotidien, bien au-delà des planches. Nos tragédies se déroulent dans notre vie de tous les jours. Nous ne parvenons pas à investir dans nos réalités quotidiennes, nos drames personnels, nos soucis et nos problèmes journaliers ».

L’intervenant a également mis en lumière un autre problème : la mécompréhension fréquente de la tragédie grecque. « Souvent, le sens de la tragédie grecque est mal interprété. Nous nous contentons trop souvent de sa forme extérieure », a-t-il expliqué. Il a poursuivi en affirmant que « la critique a permis à l’humanité de sortir de son sommeil intellectuel de 22 siècles ». Il a également abordé de manière critique l’approche du théâtre, en soulignant que « la critique théâtrale est une quête essentielle de l’humanité ». Enfin, il a ajouté que « le théâtre orienté vers le profit pose un problème sérieux ».

Pour sa part, Bouziane Ben Achour, écrivain-journaliste, a offert un regard personnel, mettant en évidence le défi actuel des critiques théâtrales dans les médias. « Les critiques théâtraux dans la presse sont avant tout des passionnés de cet art, dotés d’une solide formation dans ce domaine », a-t-il souligné. « Le rôle du journaliste est d’offrir une lecture subjective de l’œuvre théâtrale. Ces dernières années, la critique s’est quelque peu diluée, ce qui est compréhensible face aux nouvelles réalités émergentes ». Il a ajouté que « la presse publique a considérablement évolué, perdant son intérêt antérieur pour le théâtre et la culture. Critiquer une pièce aujourd’hui n’est plus aussi simple qu’auparavant, les rédacteurs en chef des journaux récents montrant moins d’intérêt pour ces domaines ».

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