Dynamique

Il y a dix jours, le duel télévisé en France entre Gabriel Attal et Jordan Bardella faisait espérer à la majorité présidentielle une chance de remonter la pente en vue des élections européennes de la semaine prochaine. En effet, le Premier ministre avait réussi à mettre en difficulté le président du Rassemblement National, qui au lendemain du débat faisait triste mine auprès d’une Marine Le Pen hilare, cette dernière certainement pas rassurée ; la relève pour la candidature de son parti à la présidentielle n’étant décidément pas prête à prendre la suite. Toutefois, la bonne prestation d’Attal n’a rien changé aux intentions de vote pour le scrutin à venir et la liste nationaliste est toujours en tête des sondages, loin devant ses adversaires. 32 % des sondés estiment que la meilleure campagne européenne est réalisée par Jordan Bardella, pour qui «les effets du débat avec Gabriel Attal ont été soit inexistants, soit lui ont été favorables», selon Stéphane Fournier, chargé d’études à Cluster17, Laboratoire d’études de l’opinion. Le sondeur explique que «si effets de campagne il y a, ils sont favorables au RN. Et à l’inverse, ils confortent une dynamique négative pour Renaissance». Avec 15,5 % (– 0,5) d’intentions de vote, le parti présidentiel accuse une légère baisse. Sa tête de liste, Valérie Hayer, semble avoir du mal à imprimer. Seuls 3 % des sondés estiment qu’elle mène la meilleure campagne, et 8 % d’entre eux qu’elle représente le mieux leurs idées, loin derrière Jordan Bardella
(22 %). Pour sa part, la liste PS-Place publique qui était en dynamique continue depuis plusieurs semaines, semble s’essouffler. Le Parti socialiste perd 0,5 point et se trouve toujours à 2 points de Renaissance avec 13,5 % des intentions de vote. Pourtant, Raphaël Glucksmann réalise une campagne réussie selon les sondés, jugée comme la meilleure par 13 % d’entre eux. Le candidat socialiste atteint un plateau, en raison notamment d’une faible marge de progression au sein de l’électorat de gauche. «Maintenant, s’il veut surpasser la liste Renaissance, il faut qu’il aille récupérer des électeurs parmi ceux de Hayer, ce qui est visiblement plus difficile», décrypte Stéphane Fournier. De son côté, la liste de La France insoumise, conduite par Manon Aubry, conserve sa quatrième place, avec 8 % d’intentions de vote. La campagne de François-Xavier Bellamy semble fonctionner. Fort de ses récentes interventions saluées par une partie de l’opinion publique, le candidat de droite offre à son parti une hausse de 0,5 point. Avec 7 % des intentions de vote, Les Républicains (LR) devancent Reconquête !, qui reste stable avec 6 % des voix. Alors que commence la dernière ligne droite avant le scrutin, l’abstention faiblit légèrement. Ainsi, 48 % des électeurs se disent certains d’aller voter, contre 47 % la semaine dernière. Une augmentation à analyser avec précaution dans une campagne qui semble confirmer le désintérêt des citoyens pour la vie politique. La campagne européenne «ne suscite pas d’intérêt exceptionnel, rappelle Stéphane Fournier. On assiste à une logique de désaffiliation forte entre les représentants des partis et une majorité d’électeurs qui ne se sentent représentés par personne». Avec 34 % des sondés estimant qu’aucune des listes ne mène une bonne campagne, le désintérêt des citoyens envers la chose publique s’exprime aussi en Europe. Surtout le débat d’Attal face à Bardella a été une mauvaise opération décidée par l’Élysée, qui pensait mettre à jour l’inexpérience du candidat du RN mais qui a surtout mis la candidate Renaissance sur la touche, prouvant visiblement au public qu’elle était incapable de mener elle-même sa propre campagne à bien.