Satisfaction

La gauche française est ulcérée depuis jeudi par la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre. Une nomination qui intervient après plus de deux mois de tractations et de tergiversations, et surtout après que de nombreux noms aient été rejetés de part et d’autre. En effet, les candidates proposées, après de très difficiles négociations internes, par le Nouveau Front Populaire, ne convenaient pas à Emmanuel Macron, tout comme les possibles personnalités envisagées par l’Élysée pour Matignon étaient refusées par la gauche. Dernièrement, juste avant la désignation de Barnier, Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre socialiste de François Hollande, s’est vu être recalé par son propre parti qui a, par la voix d’Olivier Faure, refusé de soutenir cette candidature. La loyauté de ce dernier vis-à-vis de La France Insoumise étant visiblement plus forte que celle pour son propre mouvement. Au final, le président français a fini par trancher et à choisir Barnier, ancien chef de la diplomatie de Jacques Chirac, et européiste respecté à Bruxelles. Une décision qui semble néanmoins satisfaire une majorité de Français. En effet, ces derniers sont majoritairement satisfaits de la nomination de Michel Barnier à Matignon, mais ne lui pronostiquent qu’une faible durée de vie à ce poste, selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche. D’après cette étude, 52 % des personnes interrogées se disent satisfaites de la désignation de l’ex-commissaire européen comme Chef du gouvernement, après quasiment deux mois d’attente à la suite des élections législatives anticipées. Un résultat similaire à celui de son prédécesseur Gabriel Attal lorsqu’il est entré en fonction (53 %) et supérieur à celui d’Elisabeth Borne (47 %). Le nouveau Premier ministre, issu de la droite, est d’abord vu comme compétent (62 % des sondés), ouvert au dialogue
(61 %) et sympathique (60 %). Il obtient ses meilleurs scores sur ces traits d’image auprès des sympathisants du camp macroniste ou LR. Mais dans une Assemblée fragmentée comme jamais, 74 % des personnes interrogées pensent qu’il sera rapidement renversé par une motion de censure. Reste à voir quelle sera l’attitude du Rassemblement National au Parlement face au nouveau Premier ministre, le parti de droite nationaliste ayant en effet entre ses mains le pouvoir de sauver ou de condamner Michel Barnier. Ce dernier qui, lors de la campagne des élections législatives anticipées, fustigeait Éric Ciotti pour son alliance avec le RN demandant à ce que le Niçois soit démis de ses fonctions de président des Républicains. Aujourd’hui, alors qu’il sait que le RN aura un rôle décisif à jouer dans son avenir politique, il se fait soudain coopératif et n’hésite pas à discuter cordialement avec le mouvement nationaliste. F. M.