Hassan Nasrallah tombe en martyr: Des équations à plusieurs inconnus

Il a rejoint le panthéon des révolutionnaires martyrs de leurs causes, Hassan Nasrallah est tombé en martyr assassiné dans le quartier général du Hezbollah par le largage par l’aviation israélienne de plus de 80 tonnes d’explosifs. Si la figure de proue de l’axe anti-impérialiste et anti-sioniste de n’est plus, l’âme de la résistance, elle, demeure.

Dans toutes les révolutions, la révolution algérienne en premier lieu, le cortège des martyrs n’a pas freiné ou arrêté la lutte, bien au contraire, le sacrifice suprême du leader charismatique n’a fait que renforcé les rangs et accéléré le processus de résilience. Ainsi, Hassan Nasrallah, comme Ismaïl Henniyeh, Larbi Ben M’hidi, Ernesto Che Guevara ou Amilcar Cabral avant lui demeurera un symbole pour tous ceux qui luttent contre l’injustice, l’impérialisme, le colonialisme et le sionisme.

La tragique disparition de secrétaire général du Hezbollah libanais vendredi après-midi, suite à un violent bombardement de la banlieue sud de Beyrouth, et au-delà de l’onde de choc sur la scène politique et sécuritaire du Liban et de toute la région, aura sans nul doute des répercussions sur la géopolitique de la région. Leader d’un axe historiquement et idéologiquement hostile à l’impérialisme occidental et à son excroissance locale, le sionisme, Nasrallah est passé maitre dans l’art de la manœuvre psychologique et stratégique dont le coup de génie a été la gestion de la guerre de 2006, avec à la clé une défaite cuisante de l’entité sioniste.

De cet équilibre fragile de la terreur et la dissuasion du faible au fort, le Hezbollah, sous la houlette du successeur de Abbas Moussaoui, assassiné par les sionistes en 1992, a pu tenir en respect une armée qui a envahi le pays en 1982, arrivant aux portes de Beyrouth. Nasrallah avait mis en garde les sionistes contre toute idée d’aventure en territoire libanais, leur promettant un châtiment de feu.

Reste que le martyr de Hassan Nasrallah n’est en réalité pas le fait de la seule main criminelle et terroriste sioniste. En réalité, c’est tout l’Occident intégral et à sa tête, les anglo-américains et les européens d’un côté et certains pays arabes, ceux-là même qui entretiennent le clivage sunnite-chiite, et qui ont normalisés leurs relations avec l’entité sioniste, qui ont contribué au crime. Le renseignement occidental et arabe, ainsi que l’armement en provenance des Etats-Unis et des pays européens ont grandement contribué à l’exécution par le criminel Netanyahu de sa basse besogne.

Sinon, comment expliqué le fait la décision de bombarder le quartier général du Hezbollah dans lequel se trouvait Nasrallah et de nombreux dirigeants politico-militaires a été prise depuis New York par un Netanyahu assuré de l’impunité américaine voire occidentale ? Et comment expliquer également l’empressement de certains médias arabes de se réjouir de la disparition du chef du Hezbollah ?

La corrélation est directe entre l’entité sioniste, certains pays arabes et les Occidentaux. Mais, à ce niveau de l’analyse, il ne faut pas oublier l’environnement national libanais. En effet, la résistance ne fait pas l’unanimité et de nombreux acteurs politiques du Liban ont affiché une hostilité doctrinaire face au Hezbollah et aux autres mouvements de la résistance. Il se pourrait que cela explique ce qui s’apparente à un travail de délation au service des Occidentaux et des sionistes pour leur fournir documents et informations concernant les faits et gestes des résistants. Le ciblage de Nasrallah obéit à cette logique, l’information en or sur la présence du chef du Hezbollah dans le QG bombardé a été fourni quelques minutes avant le bombardement.

Le déclin dramatique des capacités de communication du Hezbollah après les doubles cyberattaques des pigers et des talkies walkies était lui-même dû à une série de trahison sur le terrain. Le successeur de Nasrallah aura fort à faire pour ressouder le mouvement et frapper l’ennemi sioniste pour rétablir l’équilibre de la terreur entre les deux parties à défaut de porter un coup fatal à ses capacités de nuisance régionale.

Reste que ce qui se passe aujourd’hui au Liban nous mets face à plusieurs hypothèses d’ordre géopolitique. Jusqu’où ira l’entité sioniste ? L’entêtement de Netanyahu va-t-il le pousser à tenter une aventure terrestre dans le Sud Liban pour effacer l’affront de la défaite de 2006 ? Un peu tôt pour répondre à ces questions, chose est sure, la région est embrasée, et elle à deux doigts d’une guerre généralisée.

Le statut géopolitique de l’Iran est également remis en question par ses alliés mais surtout par ses ennemis. Téhéran a-t-elle failli à préserver ses alliés et à s’auto-préserver comme allié ? Ses actes, plus que ses paroles seront le véritable baromètre de la politique iranienne dans la région.

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