Arc

L’«arc républicain», cette barrière invisible invoquée en France depuis des décennie par la gauche et la droite pour convaincre les électeurs de leur accorder leurs voix, est un argument qui ne convainc plus personne et qui sonne particulièrement creux, alors que le parti de Marine Le Pen est représenté par plus de 147 députés (alliés […]

Sep 26, 2024 - 00:40
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Arc

L’«arc républicain», cette barrière invisible invoquée en France depuis des décennie par la gauche et la droite pour convaincre les électeurs de leur accorder leurs voix, est un argument qui ne convainc plus personne et qui sonne particulièrement creux, alors que le parti de Marine Le Pen est représenté par plus de 147 députés (alliés de droite compris) à l’Assemblée Nationale. Une présence au Parlement qui en fait une force que
l’Élysée doit ménager et dont dépend le gouvernement choisi par Emmanuel Macron et son Premier ministre, Michel Barnier. Car avec ses députés, Marine Le Pen peut bloquer toute tentative de gouvernance. Malgré tout, certains ne semblent pas avoir intégré cette réalité et continuent à traiter le RN comme un micro-parti avec une poignée de représentants dans l’Hémicycle. C’est le cas notamment du nouveau ministre de l’Économie, Antoine Armand. Mardi, à l’antenne de France Inter, le successeur de Bruno Le Maire a ainsi expliqué que sa porte «restera toujours ouverte, avec le Parti socialiste, avec les écologistes, avec les communistes». Et s’il a même étendu cet arc à La France Insoumise (dont l’une des plus importantes figures, Sophia Chikirou, vient d’être mise en examen pour escroquerie aggravée dans l’affaire des comptes de campagne de LFI en 2017), il a en toutefois écarté le parti à la flamme. «Le Rassemblement National, contre lequel nous avons été élus, face auquel nous avons fait un front républicain, n’y appartient pas, il faut être très clair là-dessus», a-t-il tranché. Mais la «résolution» du jeune ministre n’aura pas fait long feu, ce dernier se faisant publiquement recadré par le Chef du gouvernement. Ce dernier l’a en effet enjoint de rectifier le tir auprès du RN via un communiqué de presse. Dans un rétropédalage à peine voilé, le ministre de l’Économie a assuré qu’il «recevra toutes les forces politiques représentées au Parlement». Un communiqué doublé d’un appel téléphonique de Michel Barnier à Marine Le Pen. Au cours de cet échange, le locataire de Matignon lui a confirmé qu’elle sera reçue ces prochains jours par le ministre des Finances au même titre que les autres formations politiques. Il faut dire que la chef de file des députés RN n’avait pas manqué de faire part de son agacement mardi, au micro de LCI : «Quand j’entends Antoine Armand dire que sa porte est fermée au RN alors que le budget arrive, je pense que le Premier ministre doit aller expliquer à ses ministres la philosophie de son gouvernement, car il semblerait que certains n’aient pas encore totalement compris». Cependant, la diligence de Barnier de remettre en place son ministre et de rassurer la présidente des députés RN à l’Assemblée a fortement agacé certains responsables politiques. «Ce qui est grave, ce n’est pas que M. Barnier ait recadré un ministre. Ce qui est grave, c’est qu’il ait appelé Mme Le Pen, parce que ça révèle ce que l’on sait déjà : c’est que le gouvernement de M. Barnier dépend de Mme Le Pen», s’est indigné François Hollande, redevenu député socialiste de la Corrèze depuis le 7 juillet dernier. Et l’ancien président de la République de résumer l’impasse dans laquelle se trouve, selon lui, le nouveau gouvernement : «M. Barnier ne gouverne pas avec le RN, mais il ne peut pas gouverner sans le RN». Reste que si un ministre avait évoqué un autre parti de la manière dont Antoine Armand l’a fait cette semaine avec le RN, il est certain qu’il aurait reçu le même recadrage, bien qu’il soit difficile d’imaginer qu’il puisse ne serait-ce qu’envisager de s’en prendre aussi légèrement à un autre mouvement. Visiblement, encore habitués à ce que le RN ne soit qu’un parti médiatique sans poids législatif, certains ont du mal à reconnaître qu’aujourd’hui les Français ont donné un grand pouvoir au parti nationaliste et que l’attaquer de façon aussi maladroite peut avoir de véritables conséquences sur la gouvernance de l’exécutif.
F. M.

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