Nos ancêtres parcouraient la terre avec plus d’esprit aventurier sans voyagistes ni transporteurs (III)

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Sep 20, 2024 - 22:15
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Nos ancêtres parcouraient la terre avec plus d’esprit aventurier sans voyagistes ni transporteurs (III)

Une contribution de Khider Mesloub – De façon générale, le tourisme est à l’aventure ce que la prostituée est à l’amante. Il est vénal et chronométré, et surtout il multiple les clients pour enrichir ses maquereaux financiers. C’est une entreprise de racolage. Les campagnes de publicité pour aguicher les clients sont envahissantes et indécentes.

Au point de vue des séjours, les parcours touristiques, vantés par les catalogues des voyagistes, sont balisés, biaisés, banalisés. Les parcours sont soumis au conformisme. En lieu et place de l’aventure, le tourisme privilégie la visite guidée, guindée. L’atmosphère enguirlandé. L’ambiance achalandée. Privilégie les nuits des chambres d’hôtel aseptisées aux nuits à la belle étoile naturellement climatisées. Privilégie l’ensauvagement par l’esprit au corps ensauvagé. Les voyages aux pays des merveilles aux aventures dans les merveilles des pays.

En un mot, un tourisme mis au format d’un centre de loisirs, à l’instar de Disneyland. Un tourisme sous cellophane. Un tourisme chloroformé. Un tourisme standardisé. Industrialisé. Usiné. Qui use le voyageur dès le décollage, et l’achève à l’atterrissage. A telle enseigne qu’il entame ainsi son séjour en zombi. Echoué dans le pays hôte animé de vie, il ressemble à un spectre échappé du cimetière social occidental peuplé de cadavres ambulants, saturé de fantômes déambulant.

En comparaison, jadis, nos ancêtres, sans voyagistes, ni transporteurs, parcouraient la terre avec plus d’esprit aventurier que nos touristes dépressifs contemporains. Ils emportaient dans leurs pérégrinations pédestres interminables, à dos d’âne ou à cheval pour les plus nantis, pour seul bagage, leur viatique. Et pour seule quête : la spiritualité et l’apaisement de l’âme.

Une chose est sûre, ils ne débarquaient pas en conquérants, affichant de la condescendance à l’égard des autochtones. Mais en invités respectueux du pays d’accueil et de ses traditions et coutumes. Ils tenaient leurs hôtes en haute estime.

Dans leurs itinéraires, motivés parfois par le pèlerinage, ils trouvaient partout gîte et couvert mis gracieusement à leur disposition par les habitants des villages traversés. Cet esprit d’hospitalité était la règle, la coutume millénaire en vigueur dans toutes les anciennes sociétés traditionnelles, en particulier en Algérie.

De nos jours, sur le chemin de la route, un voyageur, tenté par l’aventure, ne rencontre que portes closes et terrains clôturés. Qu’indifférence et méfiance. Que mine renfrognée et attitude xénophobe. Cherche-t-il un endroit où passer la nuit ? Aucun espace sans clôtures ne s’offre au voyageur aventurier impécunieux. Aucune âme charitable ne lui fournira gîte et couvert, ni portion de jardin pour la nuit.

En revanche, société de consommation oblige, esprit mercantile à l’avenant, l’endroit traversé exhibe une multitude de panneaux sur lesquels sont indiqués les noms des nombreux hôtels et auberges qu’il faut régler rubis sur l’ongle. Cette offre marchande de notre société capitaliste moderne marque la différence fondamentale avec l’invitation gratuite des sociétés traditionnelles, où toutes les maisons étaient dépourvues de serrures, comme les cœurs de leurs habitants n’étaient pas verrouillés par l’individualisme et l’égoïsme.

Elle marque la différence entre le gîte payant et l’hospitalité désintéressée. Entre la société marchande et la société du don. Entre la société capitaliste régie par la carte bleue et la société traditionnelle gouvernée par le «cœur blanc». Ce cœur blanc qu’on retrouve encore en Algérie, comme le reconnaissent nombre de touristes étrangers qui ont séjourné dans notre pays.

A l’exemple de ce journaliste belge de la RTBF, marqué par la générosité et l’hospitalité des Algériens au cours de son séjour en Algérie, comme il le confesse dans sa vidéo devenue virale. «J’ai découvert l’Algérie, le plus grand pays du continent africain. L’Algérie, c’est une variété de décors, de cultures, de populations, une histoire réellement exceptionnelle», avait témoigné François Mazure dans un entretien accordé à un média de son pays. «Et je vais vous parler de l’hospitalité des Algériens !» s’était-il exclamé, en précisant que c’était ce qui l’avait «le plus marqué». «On n’est pas vu comme un dollar ambulant. Il n’y a pas ce réflexe de se dire : voilà un touriste, je vais lui vendre tout et n’importe quoi. On est considéré simplement comme un visiteur et jamais alpagué. On circulait de manière naturelle», avait-il témoigné, rejoignant ainsi ce qu’avait affirmé le photographe français Yann-Arthus Bertrand avant lui. «Sincèrement, on est accueilli partout comme si on était un membre de la famille», avait-t-il ajouté, en donnant l’exemple de ce geste qui l’avait touché dans un restaurant populaire algérois où il avait découvert, une fois à la caisse, que son plat lui avait été offert par un anonyme. «Nous n’avons pas l’habitude de tout cela», avait-il fait remarquer.

Le touriste belge avait également raconté comment un groupe d’amis algériens, rencontrés au hasard, l’avait invité à fêter avec lui un anniversaire. Mieux : il s’était vu offrir des cadeaux dans un magasin de souvenirs. «C’est vous dire qu’il y avait vraiment ce rapport désintéressé, et cela m’a sincèrement touché parce qu’il me semble que c’est de plus en plus rare», avait souligné François Mazure.

Ce «rapport désintéressé» se perpétue en Algérie car le peuple algérien n’a pas été contaminé par l’esprit mercantile capitalistique dominant, corrompu par le tourisme de masse vénal. Le tourisme est le cheval de Troie des intérêts du capital, de la finance internationale. La porte d’entrée à la contamination culturelle, la corruption morale, l’avilissement national.

Aujourd’hui, un touriste occidental qui s’aventurera en Algérie croisera, au fil de son périple, assurément des Algériens, à l’instar de la star Daoud Baraka, qui lui offriront gracieusement gîte et couvert. Ils lui offriront, surtout, non pas un peu, mais beaucoup de gazouz, beaucoup de limonade.

K. M.

 

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