Le no-code, la révolution qui dévore ses enfants ?
Il y a quelque chose de fascinant dans l’évolution du développement logiciel. Aujourd’hui, sans être développeur, il est possible de construire des systèmes complexes, d’automatiser des tâches et même…

Il y a quelque chose de fascinant dans l’évolution du développement logiciel. Aujourd’hui, sans être développeur, il est possible de construire des systèmes complexes, d’automatiser des tâches et même de générer du code à une vitesse inimaginable. Quand je vois ce qu’on peut faire avec Zapier ou Make, sans écrire un seul script Python, je ne peux m’empêcher de vouloir tout expérimenter. Les possibilités sont folles, et je dois avouer que mon temps libre me sert à jouer avec des outils IA comme Bolt, v0 ou Replit. Cette capacité à "presque" manipuler du code et à assembler des briques sans être un ingénieur, c’est tout simplement grisant.
Récemment, Lovable s’est vu banni de GitHub pour avoir généré un nombre massif de nouveaux dépôts et commits. Un fait anecdotique ? Peut-être. Mais c’est surtout un révélateur : nous entrons dans une époque où le code est produit en quantités industrielles, parfois sans véritable maîtrise, et où la frontière entre "développeur" et "non-développeur" devient plus floue que jamais.
Ce phénomène, on le retrouve aussi dans le no-code. L’idée que n’importe qui peut créer une application sans écrire une seule ligne est puissante et séduit de plus en plus d’entreprises, et on en voit passer ! Accélérer la production, réduire la dépendance aux équipes techniques, raccourcir les cycles de développement… Les promesses sont belles. Mais derrière cette simplicité apparente se cachent des pièges que de nombreuses personnes découvrent à leurs dépens.
Nous assistons ici à une transformation plus profonde, qui va bien au-delà du no-code. L’essor des outils d’IA et du no-code ne remplace pas les développeurs, il reconfigure leur rôle. L’article Personal Software: The Unbundling of the Programmer? analyse cette mutation avec justesse : le software devient plus personnel, les utilisateurs peuvent générer des outils sur-mesure pour leurs besoins spécifiques, là où, auparavant, le développement devait nécessairement viser un marché plus large.
Mais si cette évolution promet pas mal de choses, elle soulève aussi une question : où se situe la frontière entre autonomie et illusion de maîtrise ?
Quand le no-code devient un frein plutôt qu’un accélérateur
Dans une interview sur la chaîne YouTube Underscore_, Arthur Desutter, fondateur d’Horsaï, partageait son expérience sur les limites du no-code. Il raconte l’histoire de sa boîte qui a investi 45 000 euros dans une application avant de se rendre compte qu’elle était… inutilisable.
Le problème ne venait pas d’un manque d’idées ou de compétences de l’équipe, mais bien des limitations inhérentes aux outils no-code. Dès qu’un projet dépasse le stade du MVP, les contraintes deviennent évidentes : restriction sur le nombre d’utilisateurs, difficulté à structurer les bases de données, absence d’optimisation des performances. Ce qui semblait être une solution rapide et économique se transforme en un obstacle qu’on aimerait éviter