Jamais deux sans trois ?

Deux mois après avoir échappé de très peu à une tentative d’assassinat, voilà le candidat républicain Donald Trump pour la présidentielle du 5 novembre prochain, l’objet ce dimanche d’une deuxième tentative, cette fois-ci dans son propre parcours de golfe de Palm Beach en Floride, autant dire donc chez lui. Pour avoir été moins en danger que la première fois, en raison de la vigilance dont ses gardiens du Service secret ont fait preuve à cette occasion, sa vie n’était pas moins en danger, eu égard au profil de son agresseur, qui s’il n’avait pas été repéré à temps n’aurait probablement pas raté sa cible. On est donc fondé à dire que cette fois-ci également Trump l’a échappé belle, même si au moment de l’échange de feu il était à quelque distance de celui que les médias américains ont appelé le présumé criminel, avant de se mettre à le désigner de son véritable nom, Ryan Wesley Routh. Si dans les jours suivant la première tentative, Donald Trump n’avait pas cherché à politiser cette dernière, il avait en revanche semblé quelque temps plus tard tenté de le faire, ce qui est apparu nettement au cours de son débat avec Kamala Harris, faisant de lourdes allusions en ce sens. Il ne serait pas étonnant qu’après la deuxième tentative il change de ligne de conduite, ce qui ne serait pas sans effet sur la campagne électorale.
L’homme d’affaires Elon Musk, qui le soutient, a déjà émis un message dans lequel il se demandait perfidement pourquoi il n’y avait de tentatives d’assassinat que contre Trump, mais pas contre Biden ni contre Harris. Jusqu’à présent, Trump pour ce qui le concerne n’a rien avancé de tel, se contentant de rassurer ses électeurs sur sa santé, mais il n’est pas dit qu’il fera preuve de la même retenue d’ici le 5 novembre, à plus forte raison si les sondages ne sont pas en sa faveur mais au contraire de plus en plus nettement en faveur de sa concurrente. Les enquêtes d’opinion quasi-quotidiennes désormais le donnent encore au coude à coude avec sa rivale démocrate, mais en sera-t-il de même plus tard ? Trump n’a pas encore déclaré qu’il soupçonnait ses adversaires de vouloir se débarrasser de lui en manipulant des tueurs potentiels, mais qu’il y vienne un jour n’est pas une hypothèse à exclure totalement. Son ami Musk lui en tout cas s’y est mis déjà. Mais si par hasard une troisième tentative se produisait, et que Trump en réchappe comme aux deux autres, alors pas de doute à avoir, la campagne prendrait la tournure que personne n’a envie pour l’heure de lui voir prendre, où Trump et son équipe de campagne changent d’attitude et de langage. Ils voudraient continuer sur leur lancée d’ailleurs, éviter de déclencher un processus qu’ils auraient du mal ensuite à contrôler, qu’ils ne le pourraient probablement pas. Une troisième tentative contre Trump pour le moins mettra à rude épreuve la paix civile aux Etats-Unis, quand bien même il serait évident que là aussi les démocrates n’y étaient pour rien. Encore faudrait-il que la deuxième, celle qui s’est produite dimanche dernier, n’altère pas le cours pacifique de la compétition, ce dont on ne peut s’assurer que dans les jours et semaines qui viennent. Tant que le résultat de l’élection n’est pas prévisible, et que les chances de chaque camp qu’il tourne à son avantage restent entières, et à condition bien sûr qu’aucun coup de feu n’est tiré ni sur Trump ni sur Harris, les protagonistes préféreraient croire en leur bonne étoile plutôt que d’en désespérer par avance.