Une étude Semperis met en avant l'importance de renforcer la cybersécurité des services d'eau et d'électricité pour préserver la sécurité publique et la stabilité économique
Une étude Semperis met en avant l'importance de renforcer la cybersécurité des services d'eau et d'électricité pour préserver la sécurité publique et la stabilité économique - Investigations

Semperis publie les résultats d'une nouvelle étude consacrée aux cyberattaques
visant les opérateurs d'eau et d'électricité. 62 % des opérateurs ont été ciblés par des
cyberattaques au cours des 12 derniers mois, et une grande majorité (80 %) l'ont été à
plusieurs reprises.
Les récentes cyberattaques par des groupes liés à des États-nations contre les
infrastructures d'eau et d'électricité soulignent la vulnérabilité des infrastructures
critiques. Une récente recommandation de l'EPA (NDLR : l'agence de protection de
l'environnement des États-Unis) aux services d'eau préconise des mesures pour
détecter, répondre et récupérer après des cyberattaques. Outre des attaques aux
États-Unis et au Royaume-Uni étudiées dans ce rapport, la France n'est pas en reste :
au début de l'année 2024, un groupe de cybercriminels a revendiqué une intrusion
ayant compromis les comptes clients d'un fournisseur national d'électricité. Quelques
mois plus tôt, un autre acteur majeur du secteur énergétique a été touché par une fuite
de données ayant exposé les informations personnelles de plus de 100 000 clients, à la
suite d'une action revendiquée par un hacktiviste dénonçant la hausse des prix de
l'énergie.
Il est jugé préoccupant par les experts en cybersécurité que 38 % des services
considèrent ne jamais avoir été visés par des cyberattaques, ce qui pourrait révéler un
manque de détection ou de vigilance.
« De nombreux opérateurs de services publics ignorent probablement que leurs
infrastructures ont déjà été infiltrées par la Chine. Des groupes malveillants soutenus
par Pékin, tels que Volt Typhoon, privilégient en effet des techniques discrètes comme
les attaques "Living off the Land", particulièrement difficiles à détecter. Celles-ci
permettent d'installer des portes dérobées, de collecter des données sensibles ou de
rester en sommeil pendant des mois, voire des années, en attendant le moment
opportun pour frapper,”, indique Chris Inglis, conseiller stratégique chez Semperis et
premier directeur national américain de la cybersécurité.
Le rapport intitulé Empowering Infrastructure Resilience, Evaluating Cyber Threats to
Water and Electric Utilities révèle que près de 60 % des attaques proviennent de
groupes liés à des États-nations. En outre, 54 % des services ont subi une corruption
ou destruction permanente de données et de systèmes lors d'une attaque. Dans 67 %
des cyberattaques, les attaquants ont compromis les systèmes d'identité, tels qu'ActiveDirectory, Entra ID et Okta. 15 % des entreprises ignoraient si ces systèmes avaient été affectés.
Les conséquences potentielles pour le public de se retrouver sans électricité, chauffage
ou eau potable, même pour une courte durée, peuvent être majeures. L'étude souligne
que les usagers des services publics ont jusqu'ici été relativement épargnés — mais
cette situation pourrait ne pas durer.
L'ère de la résilience
« Les systèmes qui alimentent nos réseaux électriques et notre eau potable constituent
le socle de toutes nos activités quotidiennes. Pourtant, nous poursuivons notre vie en
toute confiance, en partant du principe que quelqu'un d'autre s'en chargera. Mais la
réalité est simple : personne ne le fera à notre place. Il est urgent de renforcer ces
infrastructures essentielles et d'en éliminer les menaces criminelles dès maintenant »,
ajoute Chris Inglis.
Ce qui distingue les opérateurs de services publics de nombreuses autres industries est
la nature critique de leur travail. Si un opérateur d'électricité ou d'eau est compromis,
les risques potentiels pour la santé publique et la sécurité peuvent menacer une nation
entière. Les experts de Semperis rappellent que la résilience face aux cyberattaques
menaçant les opérations devrait être la priorité numéro un pour chaque organisation
impliquée dans les infrastructures critiques.
« Sans améliorer la résilience, les attaquants continueront de frapper. Les services
publics doivent saisir cette opportunité. Ils doivent supposer que les intrusions vont se
produire, et pratiquer des scénarios d'attaques réalistes qui pourraient devenir une
réalité dans le futur grâce à des exercices pratiques », déclare Mickey Bresman, PDG
de Semperis.
Pour renforcer la résilience opérationnelle face aux cyberattaques, les opérateurs
devraient :
Identifier les composants d'infrastructure de niveau Tier 0 essentiels pour la
récupération après une cyberattaque.
Prioriser la réponse aux incidents et la récupération pour ces systèmes,
suivis des fonctions critiques (Tier 1), des fonctions essentielles à l'entreprise
(Tier 2), puis toutes les autres (Tier 3).
Documenter les processus de réponse et de récupération, puis les tester
avec des scénarios réalistes impliquant du personnel et des processus au-delà
du département informatique.
Se concentrer non seulement sur la récupération rapide, mais aussi sur une
récupération sécurisée. Les attaquants tentent souvent de compromettre les
sauvegardes pour maintenir leur présence dans l'environnement, même après
des tentatives de récupération. Il faut donc déployer des solutions assurant
vitesse, sécurité et visibilité lors des crises.
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Méthodologie :
L'étude repose sur un sondage mené auprès d'opérateurs d'infrastructures critiques,
principalement dans les secteurs de l'eau et de l'électricité. Elle inclut des données
issues de plusieurs pays, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, afin de dresser
un panorama global des menaces pesant sur ces services essentiels.