Le Hezbollah profondément infiltré

Israël n’a guère laissé de répit au Hezbollah ces derniers jours, lui portant depuis mardi dernier trois coups successifs à ce point terribles qu’on se demande s’il est en mesure de leur survivre. Mardi, explosion simultanée de centaines de pagers récemment distribués en son sein qui a fait plusieurs morts et plus encore de blessés ; […]

Sep 21, 2024 - 23:10
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Le Hezbollah profondément infiltré

Israël n’a guère laissé de répit au Hezbollah ces derniers jours, lui portant depuis mardi dernier trois coups successifs à ce point terribles qu’on se demande s’il est en mesure de leur survivre. Mardi, explosion simultanée de centaines de pagers récemment distribués en son sein qui a fait plusieurs morts et plus encore de blessés ; mercredi, attaque similaire mais qui elle a visé des talkies-walkies ; et vendredi, raid aérien dans la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du parti, ciblant une réunion de la force Radwane, une unité d’élites, se soldant par la mort de deux chefs militaires de premier plan, Ibrahim Aqil et Ahmed Wahbi, et quatorze autres de leurs compagnons. La réunion se tenant dans le sous-sol d’un immeuble, Israël n’a pu s’en prendre à elle que parce qu’il disposait de renseignements en temps réel sur son déroulement, un peu comme si son ombre y prenait part. Ces trois coups successifs n’auraient pas été possibles si l’organisation du Hezbollah n’était pas infiltrée, «hackée», piratée, espionnée jusqu’à l’os. En fait, c’est à se demander si elle ne l’est pas plus avant encore, jusqu’à la moelle. Le Hezbollah est entouré d’ennemis, qui sont des alliés d’Israël, les uns en tant qu’alliés objectifs seulement, et les autres bien plus, des alliés actifs, mais qui agissent constamment dans l’ombre, en fournissant du renseignement notamment.
Le raid aérien du vendredi n’aurait pas été possible si sa cible, la réunion militaire de force spéciale du Hezbollah, ne se déroulait pas pour ainsi dire sous son regard. Ce n’est pas tant à sa supériorité technologique qu’il doit cette réussite, mais au réseau de ses informateurs dans la banlieue sud du Hezbollah. A eux seuls ses moyens technologiques ne lui auraient pas permis de porter aucun de ces trois coups uniques dans les annales. Les factions libanaises qui en temps normal auraient pris les armes contre le Hezbollah, et ce faisant entré avec lui dans une nouvelle guerre civile, se conduisent comme si elles avaient passé une alliance avec Israël, en vertu de quoi elles se chargent de guider ses tirs de plus en plus près des centres névralgiques du Hezbollah. Le but immédiat d’Israël est connu. Il consiste dans le retour des colons du nord sur les terres qu’ils occupaient avant que le Hezbollah ne les en chasse, en soutien à la résistance palestinienne dans Ghaza. Une année après le début de la guerre, ce retour est devenu pour Israël une urgence, le spectre de sa dislocation planant de plus en plus près sur lui à mesure que le temps passe. Une nouvelle année de guerre sans que les colons ne soient de retour dans leurs quartiers ni au sud, dans la périphérie de Ghaza, ni au nord, à la frontière avec le Liban, serait sûrement désastreux pour lui. Comme il désespère d’assurer la sécurité de ceux du sud dans un délai relativement court, l’élimination du Hamas se révélant à l’expérience plus ardue que prévu, il pense que s’il parvenait à établir une zone de sécurité au nord, il aurait du moins amoindri le danger qui le guette. Le Hezbollah lui aussi est désormais en danger de mort. Les deux sont engagés dans une épreuve où le temps, se mesurant en mois, est un facteur essentiel. La victoire reviendra à celui qui bien que touché à mort tiendra le plus longtemps.

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